Islande : la rivière de magma à Grindavik a enregistré un débit record 

De la fumée et de la lave sortent d’une nouvelle fissure lors d’une éruption volcanique à la périphérie de la ville évacuée de Grindavik, dans l’ouest de l’Islande. (Département islandais de la protection civile et de la gestion des urgences/AFP via Getty Images)

La rivière de magma qui a surgi d’une faille dans le sol près de la ville islandaise de Grindavik en novembre dernier a enregistré un débit record, selon une étude parue dans Science jeudi.

Les auteurs notent que l’activité sismique ne faiblit pas, comme en témoigne une quatrième éruption survenue jeudi dans cette zone de la péninsule de Reykjanes.

Cette activité enregistrée depuis 2021 témoigne du réveil, après 800 ans, d’une longue faille permettant la remontée du magma, selon les volcanologues.

Le 10 novembre dernier, en seulement six heures, un surgissement de magma a formé une fissure longue de 15 kilomètres et profonde de 4 kilomètres pour seulement quelques mètres de large.

Le magma s’en est écoulé avec un débit de 7400 mètres cubes par seconde, soit à « un rythme jamais enregistré auparavant » en Islande ou ailleurs, indique à l’AFP Freysteinn Sigmundsson, chercheur au Centre de volcanologie nordique de l’Université d’Islande et premier auteur de l’étude.

Par comparaison, le débit moyen de la Seine est de juste 560 mètres cubes par seconde. Celui de la rivière de magma de Grindavik était plus proche de celui de très grands fleuves comme le Danube en Europe ou le Yukon en Alaska.

Et la quantité totale de magma ayant coulé en novembre s’est avérée 100 fois plus importante que celles des éruptions de 2021 à 2023 à travers le pays, selon Freysteinn Sigmundsson.

C’est le signe que « l’activité accélère », souligne-t-il. L’éruption de novembre a ouvert le terrain à d’autres éruptions sérieuses en décembre puis en janvier.

La pression croissante de la poche souterraine de magma a entraîné des centaines de secousses de la surface, et une élévation du sol de quelques millimètres par jour. Cela a créé de nombreuses crevasses et causé des dommages aux infrastructures dans Grindavik et ses alentours.

Plus dangereux encore que le magma de lave : la présence de crevasses cachées, croit M. Sigmundsson, qui fait état de la découverte cette semaine de l’une de ses crevasses au milieu d’un terrain de sport.

Le plus difficile reste la prévision de l’activité souterraine, incertaine au moins pour plusieurs mois.

Grindavik, la centrale énergétique de Svartsengi et le site touristique géothermique du Lagon bleu ont été régulièrement évacués depuis novembre.

Les autorités ont relevé jeudi le niveau d’alerte à un degré intermédiaire, juste avant celui de l’état d’urgence, car une coulée de lave a recouvert la canalisation d’eau alimentant la péninsule de Reykjanes.

La viabilité de plusieurs zones de cette région proche de la capitale est remise en question. Freysteinn Sigmundsson souligne qu’il reviendrait aux autorités de trancher, mais qu’en l’état, la ville de Grindavik traverse une « période d’incertitude ».

Selon le service météorologique islandais, environ 6,5 millions de mètres cubes de lave se sont accumulés sous la zone avant même l’éruption de jeudi.

« Nous devons être prêts à ce qu’une quantité encore plus grande arrive à la surface », ajoute le scientifique.

Les chercheurs ont utilisé des mesures sismiques et des données satellites pour comprendre ce qui provoquait la remontée de magma.

L’Islande, plus vaste et plus active région volcanique d’Europe, se situe à cheval sur la dorsale médio-atlantique. Cette fissure du plancher océanique sépare les plaques tectoniques eurasienne et nord-américaine.

Le mouvement de ces plaques, qui s’écartent inexorablement l’une de l’autre, est à la source de la remontée du magma à travers la croûte terrestre jusqu’à sa surface. D’autant que cette croûte est relativement mince à l’endroit de l’Islande.

À lire aussi :

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *