É.-U. : grand chantier pour numériser les archives des pensionnats pour Autochtones

Des enfants autochtones américains avant d’entrer dans un pensionnat. Selon les sources, la photo aurait été prise en 1899 ou en 1900. (Photo : Bibliothèque du Congrès)

Traduction du texte d’Eilís Quinn, Eye on the Arctic

La Coalition nationale pour la guérison des pensionnats pour Autochtones américains a lancé une nouvelle banque d’archives numériques qui a pour but d’éduquer la population sur l’histoire de ces institutions aux États-Unis. 

«C’est un chapitre plutôt sombre de l’histoire de notre pays et les répercussions qu’ont eues ces écoles existent encore aujourd’hui», souligne Fallon Carey, la directrice par intérim des Archives numériques.

«Ce que cette banque de données essaie de faire, c’est de mettre en lumière ce qui était caché.»

Le système américain de pensionnats pour Autochtones a existé de 1819 à 1969. Au cours de cette période, 408 établissements fédéraux ont accueilli de jeunes pensionnaires.

Pour certains Autochtones d’Alaska, les écoles auxquelles ils étaient assignés se trouvaient à l’intérieur de leur État, mais pour beaucoup d’autres, ils étaient envoyés au sud, dans l’un des 48 autres États continentaux du pays.

Comme au Canada, le système américain visait à réprimer les langues autochtones et à assimiler les enfants dans la culture dominante. Beaucoup d’élèves ont souffert d’avoir été enlevés à leur famille. Les sévices infligés par les établissements ont aussi été rapportés en grand nombre.

Des étudiants d’un pensionnat canadien pour Autochtones dans une classe de Resolution, aux T. N.-O.

Le projet a été lancé par la Coalition nationale pour la guérison des pensionnats pour Autochtones américains, un organisme de défense des peuples autochtones touchés par ces établissements. 

Ces archives, qui ont pris cinq ans à assembler à partir de sources variées, incluent des documents, des photographies et d’autres registres à propos des pensionnats.

« Pour guérir une blessure, on doit savoir ce qu’il l’a causée »

Fallon Carey affirme que ces archives jouent un rôle crucial dans l’éducation du public à propos de ces établissements et qu’elles servent de ressources importantes pour les éducateurs. Elle ajoute toutefois que le but principal du projet est de rendre les registres accessibles aux peuples autochtones, peu importe où ils sont aux États-Unis. 

«C’est difficile de guérir une blessure quand on ne sait pas ce qui l’a causée. Je crois que c’est une chose que peut faire cet outil», explique Mme Carey. 

«C’est une manière de comprendre nos propres histoires, de guérir et d’aller vers l’avant, tout en comprenant pourquoi nous éprouvons des difficultés entre nous, comme les problèmes de dépendances et de violence.»

Des plans

Des registres additionnels seront ajoutés aux archives à mesure que la numérisation se poursuit et que l’organisation accède à de nouvelles sources. 

«Cette banque de données peut offrir aux gens un accès à la vérité», selon Fallon Carey, la directrice par intérim des Archives numériques. (Photo : Fallon Carey)

Selon Mme Carey, des discussions se déroulent en ce moment même afin de trouver des manières de faire grandir le projet et d’y inclure le plus possible d’histoires issues de la tradition orale. 

«Le système avec lequel nous travaillons nous donne beaucoup de possibilités et nous en discutons constamment, mais le principal projet d’expansion, pour le moment, se trouve dans les histoires orales», dit-elle. 

«Nos aînés se font vieux, le temps est donc un facteur essentiel, pour offrir notre soutien à ceux qui veulent raconter leur histoire.»

Fallon Carey, une membre de la nation cherokee, indique que le projet a une signification personnelle qui va au-delà de son rôle professionnel. 

«En numérisant du matériel dans nos archives, j’ai réalisé que je suis la descendante de 10 survivants des pensionnats. Par exemple, je n’avais aucune idée que mon arrière-grand-mère avait été dans un pensionnat, qu’elle s’en était échappée et qu’il y avait eu des batailles légales pour la ramener chez elle, à la maison», raconte-t-elle.

«J’ai également appris que mes grands-oncles y sont aussi allés. Ces archives sont réellement un outil de découvertes. Je crois que beaucoup de gens ne connaissent pas les liens qui unissent leurs familles au système de pensionnats et que cette banque de données peut leur offrir un accès à la vérité. » 

Les archives de la Coalition nationale pour la guérison des pensionnats pour Autochtones américains peuvent être consultées ici (en anglais).

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