Une difficile estimation des conséquences des feux sur les caribous de la forêt boréale

Selon le ministère de l’Environnement et du Changement climatique du gouvernement des T.N.-O., le caribou boréal est l’espèce la plus touchée par la saison des feux (iStock)

La saison exceptionnelle des feux est toujours en cours avec 124 feux actifs dans le territoire. Alors que le caribou de la forêt boréale fait partie de la liste des espèces en péril dans les Territoires du Nord-Ouest depuis 2013, la Conférence des organismes de gestion, établie en vertu de la Loi sur les espèces en péril des T.N.-O. a décidé d’inscrire le caribou boréal pour une période supplémentaire de 10 ans sur la liste des espèces menacées.

Cette décision a été prise le 9 août 2023, soit sept jours avant l’ordre d’évacuation émis pour les résidents de Yellowknife.

Selon le ministère de l’Environnement et du Changement climatique (ECC), le caribou boréal est l’espèce la plus touchée par la saison des feux. Environ 150 individus sont équipés d’un collier émetteur, et aucune perte n’a été détectée par les agents de la faune du GTNO.

Pour le moment, ECC n’a pas connaissance de cas de mortalité due aux incendies parmi les populations de caribous. Cependant, lorsqu’il sera possible de se rendre sur le terrain en février 2024, les scientifiques pourront faire une évaluation des répercussions des feux sur les hardes de caribous. C’est aussi à cette période que le comptage du nombre d’individus, y compris les faons, a lieu.

Malgré les difficultés dans la détermination des causes de la mort d’un animal et le délai pour se rendre sur place, ECC a indiqué faire les investigations nécessaires chaque fois qu’un caribou portant un collier émetteur meurt.

« Après quelques jours, la plupart des carcasses sont consommées par les charognards, ne laissant que peu de preuves permettant de déterminer la cause du décès. On pourrait s’attendre à ce que les effets de l’exposition à la fumée des feux de forêt sur le caribou soient similaires à ceux sur d’autres espèces, mais peu d’études sur ce sujet ont été menées spécifiquement sur la faune », a indiqué le ministère lors d’un échange de courriels.

Les effets de la fumée sur la faune

Un article paru le 13 janvier 2022 dans la revue IOP Science met en lumière le manque d’études sur le sujet. Titré Un examen des effets de la fumée des incendies de forêt sur la santé et le comportement de la faune, il souligne que peu de chercheurs ont étudié les effets de la fumée des incendies de forêt sur la faune, en particulier sur les espèces vulnérables à l’inhalation de fumée.

Cependant, les études qui ont abordé le sujet dans le passé ont montré que la fumée a des effets directs et indirects sur la faune, y compris les espèces terrestres et aquatiques. L’inhalation de fumée contribue à des problèmes de santé aigus et chroniques chez les animaux, notamment l’empoisonnement au dioxyde de carbone, la détresse respiratoire, les troubles neurologiques, les maladies respiratoires et cardiovasculaires. Ces répercussions sur la santé pourraient contribuer à des changements dans le comportement des animaux. Ces changements, ainsi que les impacts à long terme de la fumée sur l’habitat des animaux, pourraient à terme influer sur la démographie de ces populations.

Si les effets ne sont pas encore suffisamment documentés et analysés, il apparaît que les conséquences sur la santé et le comportement de la faune de la forêt boréale sont présents.

Une autre étude portant spécifiquement sur les caribous, publiée le 8 février 2023 dans le journal de la Société écologique de l’Amérique (Ecological Society of America), met aussi de l’avant le manque d’études sur le sujet. En revanche, l’article Les prévisions fondées sur le climat révèlent des changements spectaculaires dans l’habitat local et une incertitude quant à la population du caribou boréal du Nord souligne « l’importance des efforts visant à protéger et à restaurer l’habitat du caribou boréal du Nord malgré l’incertitude climatique».

En août 2019, le gouvernement ténois a mis en place une stratégie pour protéger l’habitat du caribou boréal afin de sauvegarder cette espèce. Au moins 4 038 079 hectares de forêt sont partis en fumée durant la saison estivale aux T.N.-O., ce qui représente 73 % de la superficie de la Nouvelle-Écosse.

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Nelly Guidici, L'Aquilon

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