L’Association des francophones du Nunavut veut miser sur la diversité
Diversité et droits linguistiques sont les mots d’ordre de l’Association des francophones du Nunavut (AFN) pour la prochaine année. Réuni en assemblée générale annuelle, samedi soir, l’organisme a fait le point sur ses priorités, qui, selon son président nouvellement réélu, sont à l’image d’une communauté francophone de plus en plus multiculturelle.
La 43e AGA a rassemblé une trentaine de membres venus notamment élire un président et deux membres du conseil d’administration, trois postes dont les mandats tiraient à leur fin, et prendre connaissance des états financiers de l’association.
En l’absence d’autres candidats, Goump Djalogue a été réélu par acclamation pour un troisième mandat de deux ans à la présidence. David Abernethy (administrateur) et Safiatou Traoré (secrétaire) conservent, quant à eux, leur rôle respectif au sein du conseil d’administration.
Refléter la diversité culturelle des francophones
Pour ce nouveau mandat, Goump Djalogue souhaite que l’offre de services et d’activités reflète l’image de la communauté francophone. Il dit noter une tendance claire depuis les dernières années : « On a vraiment constaté une plus grande diversité, des gens venus de partout au Canada, mais aussi des gens venus d’une immigration récente au Canada [et] qui choisissent le Nunavut », soutient-il.
Le dernier recensement de Statistique Canada reflète d’ailleurs cette évolution. Entre 2016 et 2021, 240 immigrants se sont établis au Nunavut, comparativement à 205 de 2011 à 2015. Ces nouveaux arrivants étaient principalement originaires d’Asie (105), d’Afrique (70) et des Amériques (50).
Or, durant la même période, le nombre de personnes capables de soutenir une conversation en français au Nunavut a légèrement diminué, ce que l’organisme juge inquiétant.
Il faut qu’on puisse maintenir un poids [des francophones] […] et qu’on le voie croître, et non pas diminuer, affirme le directeur général de l’AFN, Christian Ouaka.
Il associe notamment cette baisse au manque d’épanouissement des nouveaux arrivants francophones, alimenté par l’absence de certains services. Après la douzième année, il n’y a pas d’offre de formation postsecondaire diplômante qui permet à des francophones de rester ici, dit-il à titre d’exemple.
Le lancement du centre de formation Qaujimaniq, au cours de la dernière année, vise selon lui à répondre à ce besoin. Le centre offre des formations générales ou professionnelles à des adultes dans des domaines allant des langues à l’informatique, en passant par la santé.
Défense des droits linguistiques
La défense des droits linguistiques des francophones en milieu minoritaire est un autre dossier au sommet des priorités de l’organisme pour la prochaine année.
À l’automne 2023, l’AFN a présenté des recommandations en la matière lors d’audiences publiques organisées à l’Assemblée législative à l’occasion d’une première révision des lois encadrant les langues officielles au territoire.
L’organisme entend toujours poursuivre ses discussions avec le gouvernement du Nunavut pour mener à terme son projet de guichet unique, qui vise à améliorer l’accès aux services en français au sein du gouvernement territorial.
Selon Goump Djalogue, il pourrait s’agir d’un appui à la traduction, à l’interprétation et au traitement des plaintes. Le projet fera l’objet d’une étude de faisabilité.
Bien souvent, quand on parle de droits linguistiques, nous sommes toujours vus comme étant en train de réclamer, affirme Goump Djalogue. La stratégie, avec le guichet unique, c’est d’être vraiment proactif et d’apporter des solutions au gouvernement et au bureau de la commissaire aux langues officielles.
L’association prévoit aussi la tenue de séances de travail avec la commissaire aux langues officielles, Karliin Aariak, pour définir des pistes de collaboration dans le traitement de plaintes.
Selon Christian Ouaka, de nombreux francophones n’ont pas connaissance de leurs droits linguistiques, ce qui limite leur habileté à reconnaître lorsque ces droits ne sont pas respectés et, donc, à porter plainte.
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