COP25 : l’organisation internationale des Inuit tire la sonnette d’alarme sur l’urgence climatique
Des organisations inuit de plusieurs régions de l’Arctique somment les gouvernements, les corporations et les sociétés civiles de leur pays respectif de prendre plus au sérieux l’urgence climatique qui frappe de plein fouet leurs régions.
« Notre glace fond, nos océans sont en danger et notre planète est en feu », a déclaré vendredi la présidente du Conseil circumpolaire inuit (CCI), Dalee Sambo Dorough, en s’inspirant des termes employés par l’activiste suédoise Greta Thunberg lors de son allocution au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, au mois de janvier.
Les représentantes des branches nationales du Conseil circumpolaire inuit et la présidente du Conseil national des jeunes Inuit, au Canada, étaient de passage à Madrid dans le cadre de la conférence des Nations unies sur le climat (COP25), organisée du 2 au 13 décembre.
L’événement avait notamment pour objectif d’augmenter les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2020 et de mettre en oeuvre l’Accord de Paris sur le climat, signé en 2015 dans l’optique de limiter le réchauffement climatique à un seuil maximal de 2 degrés Celsius par rapport à l’ère préindustrielle d’ici à 2100.
Des effets irréversibles
La présidente de la branche du CCI dans la région Tchoukotka (Arctique russe), Liubov Taian, en a profité pour rappeler de quelles manières les changements climatiques bouleversaient les pratiques des Inuit de toutes les régions du cercle circumpolaire arctique.
Record de températures, accélération de la fonte des glaces, déclin des populations de caribous, dégel précoce du pergélisol… Les conséquences du réchauffement climatique sont bien tangibles; à un point tel qu’elles redéfinissent déjà les déplacements et les pratiques ancestrales des Inuit, comme la chasse et la pêche, qui assurent depuis plusieurs millénaires leur subsistance.
« Les conséquences négatives des changements climatiques ont de sérieux effets sur la santé humaine, a mentionné vendredi Liubov Taian par voie de communiqué. Nous ne serons plus en santé si les liens qu’entretiennent les Inuit avec la vie, la santé et la famille sont altérés. »
La vice-présidente de la branche canadienne du CCI, Lisa Koperqualuk, a de son côté fait part de ses inquiétudes concernant l’acidification de l’océan Arctique, dont les retombées irréversibles sur les espèces marines menacent les populations côtières qui en dépendent.
Certaines espèces de poissons, qui vivent généralement dans l’océan Atlantique, empiètent graduellement sur les eaux arctiques, ce qui altère l’équilibre des océans. « Une quantité plus importante de dioxyde de carbone dans les eaux met en danger la vie marine et la chaîne alimentaire dont nous dépendons », a-t-elle affirmé.
Les jeunes inuit vulnérables
Au nombre des représentantes inuit s’est aussi jointe la présidente du Conseil national des jeunes inuit, Crystal Martin-Lapenskie, qui représente les jeunes inuit des quatre régions inuit du Nord canadien : la région désignée des Inuvialuit (nord-ouest du Canada), le Nunavut (Nord canadien), le Nunavik (Nord québécois) et le Nunatsiavut (nord du Labrador).
Cette dernière a notamment insisté sur la nécessité pour les peuples autochtones de mener leurs propres recherches en lien avec le climat.
« À mesure que cette crise [climatique] prend de l’ampleur, ce sont les jeunes qui ont le plus à perdre et il est légitime de dire qu’elle porte atteinte aux droits humains de nos enfants et de nos jeunes », a souligné la présidente du Conseil circumpolaire inuit (CCI), Dalee Sambo Dorough.
La voix des Inuit, particulièrement leurs connaissances liées au territoire, est de plus en plus prise en compte par les scientifiques et les gouvernements.
Ce fut d’ailleurs le cas dans le récent Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique, du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC), un document d’environ 900 pages qui a mis en garde les dirigeants internationaux sur les coûts et les risques encourus à rester inactifs face aux changements climatiques.