« La Russie est devenue une menace pour notre sécurité dans l’Arctique », clame un ancien ministre canadien
Invité à s’exprimer jeudi durant la conférence Arctic360 qui se déroule à Toronto, Peter MacKay a partagé ses inquiétudes en ce qui concerne l’invasion armée de l’Ukraine par la Russie. L’ancien ministre de la Défense rappelle que dans l’Arctique, le Canada possède une vaste frontière septentrionale avec la Russie, qui est aussi ouverte aux « abus de Vladimir Poutine » que la frontière de l’Ukraine.
Les répercussions de la guerre en Ukraine se font maintenant sentir jusque dans l’Arctique. En réaction à l’invasion russe, les sept pays nordiques (États-Unis, Canada, Norvège, Suède, Finlande, Danemark et l’Islande) se sont retiré la semaine dernière du Conseil de l’Arctique le temps d’une « pause ».
Ironie du sort, l’organisme international qui est formé des huit nations entourant le pôle Nord est présidé par la Russie pour les deux prochaines années. « Les changements géopolitiques dont nous sommes témoins aujourd’hui vont avoir un impact sur nos vies ici au Canada », a prévenu M. MacKay qui exhorte les politiques à une véritable « prise de conscience ».
« L’invasion cruelle et illégale de l’Ukraine a brisé la confiance et les liens qui prévalaient jusqu’ici au sein du Conseil de l’Arctique », a-t-il dit. « Ce forum international est important puisqu’il permet aux membres de se parler sur des questions cruciales, ce qui n’est maintenant plus possible. »
Le conflit au cœur de l’Europe met en lumière plusieurs lacunes en matière de souveraineté canadienne dans l’Arctique, a indiqué celui qui a été ministre au sein du gouvernement conservateur de Stephen Harper. « Les menaces de la Russie sur notre souveraineté en Arctique sont devenues réelles. Cette crise doit être pour nous une opportunité de reconnaitre la vulnérabilité du Canada dans l’Arctique. »
Ces dernières années, la Russie a énormément investi dans l’Arctique, a rétorqué M. MacKay. « N’oublions pas que la moitié des côtés de l’Arctique sont russes et on voit que Moscou développe cette région bien plus que les nations du Conseil de l’Arctique. »
Le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) organise régulièrement des exercices de défense aérienne dans l’Arctique, explique M. MacKay. À ce titre, il précise que le centre d’opération suit depuis des années des bombardiers russes près de l’espace aérien canadien dans le Grand Nord. « Notre système d’alerte a grandement besoin d’être modernisé », a-t-il dit. « Nous utilisons présentement des chasseurs CF-18 vieux de 40 ans. Il est temps de faire une mise à niveau. »
- Le Conseil de l’Arctique a été créé à Ottawa en 1996 par la Déclaration d’Ottawa
- Le Conseil vise à promouvoir le développement durable, à faire avancer la recherche scientifique, à protéger l’environnement arctique et à assurer le développement économique, social et culturel des communautés, y compris les nations autochtones.
Les installations militaires du Canada dans l’Arctique sont pour la plupart obsolètes, a martelé M. MacKay. « Nous devons reconnaitre notre vulnérabilité et faire en sorte d’investir pour protéger notre souveraineté dans le Grand Nord. Regardez la Chine qui n’est pas une nation arctique et qui pourtant construit plus de brise-glaces que le Canada. »
Selon M. MacKay, assurer la souveraineté du Canada dans l’Arctique doit se jouer sur plusieurs plans, aussi bien militairement qu’en finançant davantage d’infrastructures et en améliorant les circuits de communications comme l’internet ou les liaisons satellites. « On a de gros défis à surmonter, mais avec les moyens technologiques que nous possédons, cela est toujours possible. »
La conférence Arctic360 donne chaque année l’occasion d’entamer des discussions entre les gouvernements, les organisations autochtones et le secteur privé sur le développement dans l’Arctique. Avec pour thème principal « Là où l’investissement dans l’infrastructure rencontre la diplomatie », le rendez-vous a réuni les ambassadeurs des pays nordiques ainsi que des hauts responsables canadiens, groenlandais et américains.
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