Dans l’Arctique canadien, une saison des croisières redoutée et attendue par les Inuvialuit
Après quasiment deux ans d’interruption, les bateaux de croisière reviennent dans l’Arctique canadien dans les prochains mois, apportant à la fois des occasions d’affaires et des préoccupations pour les communautés qui y vivent, comme les Inuvialuit.
Installés depuis des millénaires à l’entrée occidentale du Passage du Nord-Ouest, les Inuvialuit sont sur la route des bateaux qui cherchent à emprunter le passage mythique devenu plus navigable à cause de la fonte des glaces.
La Région désignée des Inuvialuit (IRC) a donc décidé de mettre en place son premier Plan de gestion des bateaux de croisière pour la période 2022-2025.
Ce dernier définit des politiques qui garantissent que les écosystèmes vulnérables de l’océan Arctique ne soient pas endommagés, que les modes de vie traditionnels ne soient pas compromis, que les bénéficiaires en tirent des avantages financiers et que la communauté soit protégée contre des maladies comme la COVID-19.
Parmi les communautés les plus visitées par les bateaux figure Ulukhaktok, aux Territoires du Nord-Ouest, notamment connue pour ses objets d’artisanat local.
Donna Akhiatak, artiste de la communauté et directrice du centre d’arts, se souvient de ce à quoi ressemblait l’arrivée des touristes dans le hameau, il y a quelques années.
« Le centre était bondé, on pouvait à peine se déplacer et il y avait des achats constants… jusqu’à ce qu’ils repartent. »
Elle est enthousiaste à l’idée de revoir des visiteurs après un automne, qui est la saison habituelle pour les bateaux de croisière, calme ces dernières années.
Des craintes liées à la pandémie
Mme Akhiatak s’inquiète aussi des risques que le passage des visiteurs pourrait entraîner. « Nous devons aussi être prudents, car il y a toujours la pandémie. »
Le maire de Paulatuk, Ray Ruben, a des craintes semblables.
Il estime qu’il est encore trop tôt et que le risque que la COVID-19 entre dans la communauté l’emporte sur les avantages offerts par les croisières.
Pour répondre à ces inquiétudes, l’IRC demande aux visiteurs d’obtenir la permission des communautés avant de s’y rendre. Des restrictions en matière de santé et de sécurité sont également en place, notamment l’assurance qu’aucune personne atteinte de la COVID-19 ne peut entrer dans une communauté.
Le plan précise aussi que quiconque dérange des personnes pêchant, chassant ou trappant sera financièrement responsable des pertes occasionnées.
Soutenir l’économie et respecter l’environnement
Le plan s’intéresse aussi aux occasions que le tourisme représente pour les Inuvialuit.
« Il est attendu que les organisateurs de croisières soutiennent l’économie locale », peut-on y lire.
Cela inclut l’embauche de guides et d’artistes du coin pour les visites et les activités culturelles, ainsi que l’achat de créations auprès des artistes et des artisans des communautés.
L’une des plus grandes craintes liées à l’augmentation du nombre de croisières est le risque de dommages environnementaux qui pourraient être dévastateurs pour la vie marine et les personnes qui en dépendent.
Le plan décrit la loi fédérale mise en place pour prévenir tout dommage à l’écosystème délicat de l’océan Arctique. Il cite notamment le Règlement sur la sécurité de la navigation et la prévention de la pollution dans l’Arctique, qui empêche les navires de déverser leurs eaux usées.
Il existe également une politique zéro déchet.
Le plan prévoit aussi la mise en place d’un programme de surveillance inuvialuit, dans le cadre duquel des photos seraient prises avant et après la visite d’un navire de croisière dans un lieu.
Avec les informations de Luke Carroll