Des baleines boréales retrouvées mortes au Nunavut probablement tuées par des épaulards

Lenny Pannigayak et son père debout sur une baleine échouée au Nunavut. (Lenny Panigayak)
La découverte d’une dizaine de carcasses de baleines boréales sur les berges de la péninsule de Boothia, au Nunavut, fin 2020 et début 2021, avait suscité l’émoi et représentait un mystère pour les experts. Voilà qu’un rapport remis par Pêches et Océans Canada au Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut conclut qu’elles ont probablement été tuées par des épaulards.

Des chasseurs inuit avaient été surpris de découvrir ces spécimens morts dans cette région, un phénomène inhabituel. Les carcasses avaient toutes été trouvées dans une période relativement courte du 1er octobre 2020 au 14 avril 2021 et dans une zone passablement restreinte.

Différentes hypothèses ont été explorées par les scientifiques pour établir la cause de la mort, comme la contamination par une substance toxique, un événement météorologique extrême, la prolifération d’algues, une maladie infectieuse, la prédation et la possibilité qu’elles soient mortes de faim.

« Nous concluons que bien qu’aucune cause définitive de la mortalité des baleines boréales n’ait été établie, la prédation par les épaulards semble être la cause immédiate la plus probable. Un facteur contributif ​​peut avoir été un mauvais état nutritionnel et une prédisposition à la prédation », précise le rapport préparé par Steve Ferguson et Brent Young de Pêches et Océans Canada, à Winnipeg.

Pour en venir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé des images satellites, des échantillons de tissus des baleines, la morphologie et l’âge des baleines et les données météo de cette période.

Les résultats ont montré que peu de contaminants se trouvaient dans les carcasses des baleines boréales. De plus, plusieurs étaient relativement jeunes, soit moins de 20 ans. 

« Les données de vent et de glace de mer pour 2020 ont été comparées aux conditions typiques et aucune preuve d’événements météorologiques inhabituels avant l’événement de mortalité n’a été trouvée. Cependant, des vitesses de vent inférieures à la moyenne et une formation de glace plus tardive ont été notées. Par rapport aux conditions historiques, la réduction de la glace de mer à l’automne 2020 a été importante et aurait permis aux épaulards un meilleur accès à la région », disent les scientifiques.

Un épaulard poursuit des harengs dans le cercle polaire arctique. Olivier Morin/AFP/Getty Images)

En entrevue à CBC, Steve Ferguson mentionne qu’une blessure à la langue d’une des baleines boréales mortes laisse penser qu’elle a été causée par une morsure d’épaulard, ce qui a été observé auprès d’autres baleines ailleurs dans le monde.

En raison des changements climatiques, les épaulards s’aventurent de plus en plus au nord. 

Fin 2021, une étude montrait que la réduction de la glace de mer dans l’océan Arctique ouvre de nouveaux territoires de chasse pour ces redoutables prédateurs qui ont une grande capacité d’adaptation, pouvant créer un déséquilibre écologique.

Les épaulards s’alimentent de hareng, de phoque, mais aussi de plusieurs espèces de baleines. Des chercheurs se sont inquiétés pour le destin des bélugas dans la baie d’Hudson à long terme, avec l’arrivée des épaulards dans cette région.

Une étude a aussi montré que les épaulards peuvent apprendre à se nourrir de poissons dans les filets de pêche.

Les experts continueront de surveiller les populations de baleines boréales dans l’Arctique et leurs prédateurs.

« Les prochaines recherches comprendront l’analyse d’images recueillies par drone auprès de la population plus large [de baleines boréales] pour évaluer l’état corporel, l’historique de reproduction à partir des fanons, la modélisation de la population pour déterminer la capacité de charge [écologique] et la modélisation des facteurs physiques » pour tenter de prévoir la santé future des baleines dans un contexte environnemental plus large, notent les scientifiques.

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