Nord québécois : le Nunavik prend en main la gouvernance de la recherche dans la région

Le village de Salluit, au Nunavik (Marika Wheeler/archives/CBC)
Les principaux organismes du Nunavik ont approuvé la création d’une nouvelle entité pour superviser la recherche qui s’effectue dans cette région du nord de la province du Québec. Cela sera un pas important dans un processus d’autodétermination.

Cette entité, dont le nom reste à déterminer, doit permettre à la recherche dans tous les domaines d’assurer « le bien-être, l’amélioration des connaissances et les objectifs sociaux, politiques et économiques des Nunavimmiut tout en reflétant davantage les priorités, les besoins, les valeurs et le savoir du Nunavik », peut-on lire dans un communiqué commun diffusé cette semaine.

Cette initiative, qui est le fruit de consultations régionales menées ces dernières années, est pilotée par un comité directeur composé de représentants de sept organismes régionaux :

  • la Société Makivik,
  • l’Administration régionale Kativik,
  • la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik,
  • Kativik Ilisarniliriniq (la commission scolaire Kativik),
  • l’Office municipal d’habitation Kativik,
  • le Conseil de gestion des ressources fauniques de la région marine du Nunavik,
  • l’Institut culturel Avataq.

Le conseiller en recherche inuit du Nunavik fait aussi partie de ce comité directeur.

« Le Nunavik a officiellement entrepris la phase d’établissement de son nouvel organisme d’approbation et de supervision de la recherche dans la région. Cet organisme répond au besoin essentiel des communautés et des organismes du Nunavik qui veulent jouer un rôle plus important dans la gouvernance et la gestion de la recherche », poursuivent les organismes. 

Il y a eu au cours des dernières décennies un nombre croissant de recherches au Nunavik dirigées principalement de l’extérieur de la région, ce qui a mis à rude épreuve les ressources et les capacités locales.communiqué conjoint des organismes du Nunavik

Le Nunavik est la seule région de l’Inuit Nunangat le territoire au Canada où vivent les Inuit qui ne possède pas encore de processus centralisé d’examen et d’approbation de la recherche, note le communiqué.

Travailler « en véritable partenariat avec les chercheurs du Sud »

« Au fil des ans, le Nunavik a été le lieu de nombreux projets de recherche, sans qu’il y ait suffisamment de retombées durables et tangibles pour notre peuple. Il est devenu clair qu’il était temps d’établir une organisation conçue par et pour le Nunavik qui agirait à la fois comme point d’entrée et catalyseur des impacts positifs des projets de recherche dans la région », affirme Adamie Delisle Alaku, vice-président du Département de l’environnement, de la faune et de la recherche de la Société Makivik.

« Cette nouvelle organisation […] garantira que les Inuit seront les décideurs pour la recherche sur nous et notre terre, que la recherche sera mieux informée par notre culture et nos valeurs inuit, et que notre savoir traditionnel sera davantage reconnu et utilisé », déclare pour sa part la directrice de cette entité en démarrage, Aleashia Echalook, ajoutant qu’elle espère voir de plus en plus d’Inuit devenir chercheurs.

La nouvelle entité de gouvernance de la recherche, qui couvrira tous les domaines, que ce soit en sciences naturelles, en sciences sociales ou encore en santé, devrait démarrer ses activités en 2024.

D’ici là, les chercheurs doivent continuer à suivre les protocoles et processus déjà existants avec leurs institutions, les gouvernements et les organismes subventionnaires pour l’approbation de leurs projets de recherche sur le plan de l’éthique et pour le financement, notent les organismes sur le site web de la nouvelle entité, « Nunavik Research ».

Cette initiative s’inscrit dans un mouvement qui a pris de l’ampleur ces dernières années où des gouvernements et communautés autochtones au Canada et dans le monde se réapproprient la gouvernance et le contrôle des processus de recherche s’effectuant sur leurs territoires, y compris la propriété des données recueillies et les retombées.

Il y a quelques semaines, le Conseil circumpolaire inuit, qui représente les 180 000 Inuit de l’Alaska, du Canada, du Groenland et de la Russie, a produit un document d’une trentaine de pages pour notamment baliser la recherche scientifique qui se fait dans les régions où vivent les Inuit, mais aussi toute autre activité qui passe par une collaboration avec les peuples du Nord.

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