« Polaris » ou le futur gelé d’un monde post-apocalyptique

Polaris est présenté à l’ouverture du Festival international de films Fantasia qui se déroule du 14 juillet au 3 août 2022 à Montréal. (Little Dipper Films Inc, L’Aquilon)
Polaris, écrit, coproduit et réalisé par Kirsten Carthew, est un conte dystopique dont l’action se déroule en 2144 dans un monde post-apocalyptique où les personnages entièrement féminins survivent dans un territoire couvert de neige. Ce deuxième long-métrage de la réalisatrice des Territoires du Nord-Ouest est présenté en ouverture de la 26e édition du Festival international de films Fantasia, du 14 juillet au 3 août à Montréal. Elle estime que c’est un grand honneur de voir son film être projeté en ouverture. L’Aquilon s’est entretenu avec elle au sujet de son nouveau long-métrage.

L’Aquilon : Comment décririez-vous Polaris?

Kirsten Carthew : La trame narrative de Polaris, c’est le résultat de notre échec collectif quant au changement climatique. Le film appelle le public à réfléchir à l’équilibre à atteindre entre progrès et dévastation.

Le film raconte l’histoire d’origine d’un monde devenu honteux qui se construit à partir des thèmes de la gestion de l’environnement et de l’horreur environnementale. Toute ma vie, j’ai fait la promotion des liens forts entre les personnes et la nature et de la gestion de l’environnement… Sumi [un des personnages principaux] possède une grande connaissance du territoire, c’est l’une de ses plus grandes forces. J’espère que la relation de Sumi avec la nature, en particulier son habileté à communiquer avec les arbres et ses sens accrus, incitera le public à réfléchir et à mieux se connecter avec son environnement.

A : Pourquoi avez-vous choisi une distribution entièrement féminine?

KC : Dans le film, on ne voit pas d’hommes… donc on ne les connaît pas. Une distribution entièrement féminine permet d’examiner la dynamique du pouvoir en dehors des rôles de genre qui divisent. Cela permet au public d’apprécier les dynamiques de pouvoir en tant que constructions socioculturelles. Par exemple, le groupe des Morads opère sur un modèle patriarcal de « la force est le droit », même s’ils s’identifient au genre féminin. La destruction, la dévastation et la domination du clan sont justifiées comme nécessaires à la survie. En revanche, les personnages principaux Sumi, Frozen Girl et Dee, montrent comment les individus peuvent réussir à contrer cette affirmation omniprésente du pouvoir. Polaris explore les tensions entre l’individu et le groupe, en particulier à travers une optique féminine, alors que chaque personnage apaise ou s’oppose à la construction sociale qu’elle est forcée de défendre.

A : Il n’y a pas de sous-titres dans Polaris. Quelle est la place du langage dans le film?

KC : Sumi a une relation intime avec la nature et a des compétences de survie extraordinaires. Elle peut parler avec les arbres et les animaux [elle a été élevée par un ours polaire], mais n’a pas encore appris à parler avec les gens. Les autres personnages parlent des langues fictives pour représenter cet écart de compréhension. Cela crée une expérience principalement non verbale qui est renforcée par l’absence de sous-titres. Mon intention est de placer le public dans ce monde [fictif] et d’encourager un type de visionnage de films en immersion, davantage basé sur l’empathie, l’intuition et l’universel.

A : Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors du tournage?

KC : Absolument! Polaris a une portée ambitieuse : un film principalement non verbal tourné presque exclusivement à l’extérieur pendant l’hiver, au Yukon, avec une équipe pancanadienne, des animaux, des cascades et une logistique folle en relation avec la COVID-19. Donc, oui, il y a eu un certain nombre de défis!

Des costumes issus du recyclage

Leslie Leong est une artiste basée à Whitehorse. Elle a réalisé, avec son fils Tynan Leong-Best, 21 armures et un casque en métal usagé qui ont nécessité 260 heures de travail. En collaboration avec la costumière Monika Onoszko qui a dessiné l’ensemble des costumes, Leslie Leong et son fils ont réussi le pari de donner vie à ces costumes, en recyclant des matériaux locaux (50 bidons d’essence usagés du Klondike) en un laps de temps très court. C’est la première fois que l’artiste travaille pour le cinéma. Elle retient de cette expérience la synergie qui s’est créée lors de la collaboration avec la costumière ainsi que la liberté créative qui lui a été offerte pendant tout le projet.

À gauche : Leslie Leong, artiste basée à Whitehorse, a réalisé avec l’aide de son fils les costumes du film « Polaris ». Quelque 21 armures et un casque ont été créés à partir de matériaux recyclés. À droite : 260 heures ont été nécessaires à Tynan Leong-Best et à Leslie Leong pour collecter le matériel recyclé et créer une partie des costumes. (Leslie Leong)

Nelly Guidici, L'Aquilon

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