Une journée de recueillement pour les Autochtones du Grand Nord canadien

« On a encore beaucoup de travail à faire et on peut le faire », espère l’ancien chef de la nation dénée, Norman Yak’eula. La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est un moment de recueillement pour certains Autochtones du Grand Nord, qui, cette année, ont pu commencer à tourner la page sur un passé douloureux.
Avec les excuses du pape, à Rome et en sol canadien, pour les torts subis par les enfants autochtones dans les pensionnats pour Autochtones, l’année 2022 a marqué le début d’un nouveau chapitre pour plusieurs Autochtones au pays et dans le Grand Nord.
Norman Yak’eula, un survivant des pensionnats qui s’est rendu en avril au Vatican avec la délégation autochtone, affirme que ces excuses ont été un moment historique.

Norman Yak’eula, originaire de Tulita, a été envoyé au pensionnat Grollier Hall, à Inuvik, dans les années 1960. Lorsqu’il a entendu les excuses du pape, c’était comme si le poids qu’il porte sur ses épaules depuis longtemps était moins lourd.
« Pour beaucoup de survivants, comme moi, c’est une étape importante. Que l’Église catholique romaine parle de génocide et qu’elle veuille travailler avec les peuples autochtones pour obtenir justice, reconnaissance et respect, c’est un grand pas. »
Des aînés se racontent au Yukon
À Whitehorse, les élèves de l’école secondaire F.H. Collins ont fait une marche lundi en mémoire des enfants autochtones qui ont été envoyés dans les pensionnats.

Jessie Dawson, aînée et membre de la Première Nation de Kwanlin Dün, a raconté son histoire aux élèves. Longtemps, elle est restée repliée sur elle-même, se protégeant et cherchant son identité.
Elle s’est rendue à Edmonton, en juillet, pour entendre les excuses du pape François. Au cours de son voyage, elle a rencontré des aînés de partout au Canada et même des États-Unis.
Jessie Dawson croit que l’avenir sera meilleur. Elle demande à la jeune génération de faire preuve d’empathie et de compassion envers les survivants. Et elle veut aussi les protéger.

« Je veux que les enfants grandissent et deviennent ce qu’ils veulent. Qu’ils soient positifs et heureux, et qu’ils n’aient pas à traîner un lourd secret comme nous », explique-t-elle.
Norman Yak’eula est du même avis. « Nos enfants sont l’avenir, et nous devons travailler avec eux pour que cesse le traumatisme intergénérationnel. »

Se souvenir et passer à l’action
Aluki Kotierk, présidente de Nunavut Tunngavik Inc., croit que des gestes comme les excuses du pape François et la demande d’extradition du prêtre français Johannes Rivoire, qui aurait agressé sexuellement des enfants inuit dans les années 1960 et 1970, sont des gestes concrets qui mènent vers la guérison.
Elle croit aussi qu’une journée comme celle de la vérité et de la réconciliation est importante pour que les Canadiens se disent : « nous ne voulons plus jamais que cela se reproduise ».
Elle mentionne, par exemple, le fait de revitaliser les langues et les cultures que le système des pensionnats a essayé d’éradiquer.
Norman Yak’eula est d’avis que les Autochtones sont forts et résilients, et qu’il faut laisser le passé derrière soi. « Nous revenons en force. Nous sommes très patients. Et nous sommes un peuple qui pardonne. »
Avec les informations de Matisse Harvey et Virginie Proulx Leboeuf