Nord canadien : le centre alimentaire d’Iqaluit tire la sonnette d’alarme devant une « crise alarmante »
En octobre 2021, le centre alimentaire Qajuqturvik d’Iqaluit, au Nunavut, servait environ 150 repas par jour. Désormais, plus de 500 repas sont distribués quotidiennement, soit bien au-delà de ses capacités.
Rachel Blais, la directrice générale de l’établissement, a constaté une augmentation des besoins en matière de repas chauds depuis mars. « C’est une augmentation très, très importante, et cela nous empêche de vraiment répondre non seulement à la demande, mais aussi à la qualité de la nourriture que nous nous efforçons de fournir aux membres de notre communauté. »
Selon le dernier recensement fédéral, environ 7400 personnes vivent dans la capitale du Nunavut. Rachel Blais explique que les bénéficiaires sont généralement des adultes célibataires. Dorénavant, le centre voit aussi d’autres profils démographiques.
Rachel Blais estime que la crise est « alarmante » et qu’à ce jour, il n’y a pas eu de réponse significative de la part d’aucun ordre de gouvernement pour s’occuper de cette crise.
Le recours aux banques alimentaires atteint un niveau record
Partout au pays, le nombre de Canadiens qui ont recours aux banques alimentaires atteint un niveau record. Le dernier rapport du groupe Banques alimentaires Canada estime que plus de 6200 personnes dans les trois territoires se sont rendues seules à leur banque alimentaire locale en mars 2022 et que près d’un tiers d’entre elles étaient des enfants.
Selon le directeur du groupe, Richard Matern, le nombre de visites à l’échelle du pays s’est élevé à près de 1,5 million en mars, soit une hausse de 15 % par rapport à mars 2021 et de 35 % par rapport à mars 2019.
Et la situation se déroule en territoire inconnu, explique Richard Matern, car d’habitude, le recours aux banques alimentaires reflète les taux du chômage, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Selon lui, cette augmentation est en grande partie due à la fin des prestations de secours versées pendant la pandémie et à l’augmentation de l’inflation. Il ajoute que la situation dans les communautés du Nord est une « version amplifiée » de ce qui se passe plus au sud en raison du coût de la vie plus élevé.
Rachel Blais explique que le coût de la vie touche également les chasseurs du Nunavut et appelle les gouvernements à les soutenir en payant leur travail et en investissant dans des infrastructures pour que ces chasseurs aient plus de facilité à récolter des aliments traditionnels riches sur le plan nutritionnel pour leurs communautés.
Alors que l’approche du gouvernement, selon elle, a consisté à compter sur les banques alimentaires depuis les années 1980, Rachel Blais affirme que ce n’est pas une façon de faire durable et que cela ne s’attaque pas aux causes du problème.
L’insécurité alimentaire n’est pas un « problème de nourriture », dit-elle, mais un problème de pouvoir d’achat, car les gens n’ont pas des salaires suffisants pour acheter de la nourriture. Selon elle, l’augmentation des salaires des personnes qui vivent dans le Nord aiderait à « suivre le coût de la vie ».
Avec les informations de Loren McGinnis et d’Andrew Nichols