L’Inde et la Russie discutent de projets énergétiques dans l’Arctique
Des projets énergétiques potentiels dans l’Arctique et l’Extrême-Orient russes feront partie des sujets de discussion entre les ministres des Affaires étrangères de la Russie et de l’Inde, mardi à Moscou, a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, lundi.
Le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, rencontrera son homologue russe, Sergueï Lavrov. Les deux hommes doivent aborder toute une gamme de dossiers.
« Les principaux sujets comprendront le commerce, l’investissement, le transport, la logistique, l’utilisation des monnaies nationales dans les règlements mutuels et les projets énergétiques potentiels, en particulier sur le plateau arctique et dans l’Extrême-Orient russe », peut-on lire dans le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.
« Les discussions devraient couvrir l’ensemble des questions bilatérales ainsi que des échanges de vues sur divers développements régionaux et internationaux », mentionnait quant à lui le ministère indien des Affaires étrangères dans un communiqué diffusé la semaine dernière au sujet de cette visite officielle.
La dernière visite du ministre Jaishankar à Moscou remonte à juillet 2021. M. Lavrov avait quant à lui visité l’Inde en avril 2022.
Partenariat clé
L’Inde est un partenaire clé de la Russie, notamment dans l’Arctique. Moscou cherche à diversifier ses alliances commerciales depuis le fossé qui s’est creusé avec les pays occidentaux en raison de la guerre en Ukraine et les sanctions qui visent Moscou. La Russie veut aussi éviter de trop dépendre de la Chine sur les plans commercial, industriel et militaire.
En juillet, de hauts représentants de l’Inde et de la Russie s’étaient rencontrés à Moscou pour discuter des multiples facettes de leur partenariat dans la région arctique, laissant entrevoir une collaboration plus étroite des deux puissances au nord du 66e parallèle. New Delhi a aussi publié il y a quelques mois sa « politique arctique ». Elle repose sur le développement économique et sur le renforcement des capacités nationales dans la région arctique.
L’Inde, avec la Chine, bénéficie des exportations russes de pétrole à moindre coût depuis les sanctions occidentales décrétées cette année en réaction à la guerre en Ukraine.
Par ailleurs, l’Inde investit beaucoup dans le Grand Nord russe et les mégaprojets de développement des énergies fossiles entamés dans cette région. Elle a conclu un partenariat avec Moscou pour accéder aux ressources et aux routes maritimes de cette zone.
Des entreprises indiennes participent déjà au projet Vostok Oil dans l’Arctique russe.
Des sociétés indiennes avaient aussi manifesté de l’intérêt, il y a un an, à investir dans le projet Arctic LNG 2, qui a connu certains retards en 2022 à la suite de la guerre en Ukraine et des sanctions occidentales. Des entreprises et des créanciers occidentaux se sont d’ailleurs retirés du projet.
L’Inde a aussi profité ces dernières années des exportations russes de gaz naturel liquéfié provenant des installations de Yamal LNG, bien que les livraisons des derniers mois aient été interrompues avec la guerre en Ukraine. L’Inde cherche maintenant à remplacer cet approvisionnement.
L’entreprise d’État indienne ONGC Videsh entend aussi rester dans le projet pétrolier et gazier Sakhalin 1, dans l’Extrême-Orient russe. La société américaine Exxon s’était retirée du projet en mars et sa participation avait été reprise par l’État russe. Il était question de savoir si les autres partenaires internationaux allaient demeurer dans ce projet d’exploitation.
Relation Moscou-New Delhi
Cette visite intervient dans un contexte de tensions entourant la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine.
Même si l’Inde se garde de dénoncer publiquement Moscou au sujet de l’invasion russe en Ukraine – voulant préserver son lien étroit avec la Russie – certaines fissures sont apparues dans la relation entre New Delhi et Moscou ces derniers mois.
À la mi-septembre, lors d’un sommet à Samarcande, en Ouzbékistan, le premier ministre indien Narendra Modi avait averti le président russe Vladimir Poutine que « l’heure n’était pas à la guerre ».
Vladimir Poutine, en réponse, avait dit entendre ses inquiétudes et avait affirmé qu’il allait tout faire pour que le conflit en Ukraine se termine le plus vite possible, mais tout en assurant que Kiev refusait le processus de négociation.
Avec les informations de Reuters