Le débat sur le colonialisme s’invite à la COP15

Steven Nitah, directeur de Nature for Justice Canada et ancien chef de la Première Nation dénée Łutsël K’é’ (Maud Cucchi/Radio-Canada)
La lutte pour la sauvegarde de la biodiversité ne peut se faire sans une remise en cause du colonialisme qui perdure, a affirmé le Déné Steven Nitah à la COP15, mardi, lors d’un panel sur le rôle que doivent jouer les Autochtones dans la conservation des espaces naturels.

Le directeur de Nature for Justice Canada, qui possède une riche expérience de négociation avec les gouvernements, a ainsi appelé les communautés à tourner le dos au système capitaliste et à prendre en main leur destin, qui est celui de la planète, a-t-il fait valoir.

« Si nous ne le faisons pas immédiatement, nous aurons des problèmes », a lancé M. Nitah en rappelant leurs responsabilités aux leaders autochtones du monde entier.

Selon lui, revendications culturelles et protection environnementale vont de pair. Le respect des droits des Autochtones relève même d’une condition sine qua non pour que ces derniers, souvent présentés comme les « gardiens du territoire », continuent à protéger les aires vulnérables.

Il faut exercer nos droits et nos responsabilités… On doit faire changer la façon de percevoir le monde.Steven Nitah, directeur de Nature for Justice Canada

Si de l’Arctique à l’Océanie, en passant par l’Amazonie, les peuples autochtones ont réussi par leurs savoirs ancestraux à freiner le déclin des écosystèmes, il faut leur octroyer les financements nécessaires pour continuer à assurer ce rôle, a soutenu l’ancien chef de la Première Nation dénée Łutsël K’é’, dans les Territoires du Nord-Ouest.

« C’est la clé de notre survie sur Terre », a affirmé le conférencier. Il était accompagné de Stephanie Thorassie, directrice de l’Initiative de protection du bassin versant de la rivière Seal au Manitoba, et de Nadina Gardiner, membre de la Nation crie de Cumberland House et défenseure du delta de la rivière Saskatchewan.

« Fermez les yeux, imaginez un coin de paradis »

Les trois intervenants ont convoqué différentes tonalités de discours pour sensibiliser le public à leur cause, loin de la rhétorique technocrate caractéristique des négociations onusiennes.

Mme Thorassie a invité les participants à fermer les yeux et à imaginer un paradis nordique d’air et d’eau purs, d’arbres millénaires, vierge de toute activité humaine, dans le nord du Manitoba.

« C’est ce coin de paradis pour lequel nous nous battons fort, que nous protégeons », a-t-elle mentionné avec émotion.

Plusieurs groupes préoccupés par la disparition des forêts boréales ont commencé à travailler à la création d’une zone autochtone protégée et conservée pour les Métis dans le nord de la Saskatchewan. (Gracieuseté de Jeremy Williams)

Sur un ton plus alarmiste, Nadina Gardiner a raconté comment le delta de la rivière Saskatchewan, sa région natale, est « en train de mourir ». Des barrages ont modifié le débit de la rivière, ce qui a altéré l’écosystème du lieu situé au cœur de la forêt boréale.

Le territoire étant intimement lié à la culture autochtone, c’est toute une partie de l’identité crie qui s’éteint, a déploré Mme Gardiner en appelant les dirigeants politiques à davantage de cohérence.

« Passez de la parole aux actes [financiers] », s’est-elle écriée.

Certains panels consacrés aux Autochtones ont été victimes de leur succès, certains participants étant contraints de les suivre depuis… le couloir. (Maud Cucchi/Radio-Canada)

Le panel visait aussi à affirmer le rôle des nations autochtones dans les objectifs fédéraux en matière d’environnement, alors que le Canada s’est engagé à protéger 30 % de son territoire d’ici 2030. « On ne peut pas se satisfaire de 30 %, ça devrait être plus dans certaines juridictions », a indiqué Steven Nitah, sans manquer de remettre en perspective le pouvoir politique.

« Les vrais décideurs, ce sont les citoyens, puisqu’ils influencent les dirigeants », a-t-il rappelé à Espaces autochtones après avoir éteint son micro.

Un article de Maud Cucchi, Radio-Canada

Espaces autochtones, Radio-Canada

Pour d’autres nouvelles sur les Autochtones au Canada, visitez le site d’Espaces autochtones.

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