Souder sa confiance en soi, un morceau de métal à la fois

Depuis 2017, un programme de soudure encourage de jeunes adultes de Cambridge Bay à développer des habiletés manuelles et, ultimement, à renforcer leur confiance en eux. PHOTO : RADIO-CANADA / MATISSE HARVEY

Des œuvres d’art hétéroclites aux teintes cuivrées sont éparpillées aux quatre coins de Cambridge Bay, au Nunavut. Avec leur facture visuelle singulière, ces sculptures ont un point en commun : toutes sont des dérivés de métal. Depuis cinq ans, un programme de soudure cherche à encourager des Nunavummiut à développer des habiletés manuelles et, ultimement, à renforcer leur confiance en eux.

Au fond du studio Red Fish Arts trône une imposante sculpture de Sedna, la déesse de la mer, aussi connue sous le nom de Nuliajuk ou Takanaaluk. Le bas de son corps est une queue métallique drapée d’écailles colorées. Au-dessus de sa tête flottent de longs cheveux embroussaillés provenant initialement du câble d’amarrage d’un navire.

Après avoir déroulé [le câble], nous avons dû souder chaque brin de métal à son cuir chevelu, explique Daryl Taptoona-Haynes, 20 ans.

Confectionnée à partir de métaux recyclés, cette Sedna grandeur nature est le fruit des longues heures de travail, mais surtout de patience et de minutie, que Daryl Taptoona-Haynes et quatre autres soudeurs de Cambridge Bay ont consacrées à ce projet d’envergure.

La sculpture a été confectionnée à partir de matériaux de métal et pèse près de 180 kilogrammes. PHOTO : PHOTO FOURNIE PAR MARK SLATTER

Son frère, Robert Taptoona-Haynes, aime particulièrement ce type de défis. Des projets d’envergure comme Sedna […] sont mes préférés, dit-il. Ils prennent plusieurs mois à construire [et] chaque petit détail compte.

La sculpture sera exposée à l’extérieur de la résidence de la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, à Rideau Hall. D’autres figures politiques ont aussi reçu l’une de leurs créations, dont le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, ainsi que le premier ministre Justin Trudeau. Durant son passage à Cambridge Bay, à la fin août, ce dernier s’est notamment arrêté au studio Red Fish Arts pour rencontrer les jeunes soudeurs.

À Cambridge Bay, ils ont notamment confectionné des bancs pour le cimetière et une nouvelle enseigne pour le détachement de la Gendarmerie royale du Canada. Vous pouvez retrouver notre art un peu partout dans la collectivité, mais aussi aux quatre coins du Canada, explique le coordinateur du programme de soudure, Mark Slatter.

Durant la saison des navires de croisière, il indique que leurs emblématiques ombles de l’Arctique métalliques tapent souvent dans l’œil de touristes étrangers qui décident d’en rapporter dans leurs valises.

Le programme de soudure a le vent dans les voiles depuis qu’il a été lancé. En 2018, il a d’ailleurs remporté une somme de 100 000 $ dans la catégorie jeunesse du Prix Inspiration Arctique.

De gauche à droite, les soudeurs Dylan Zukiwsky, Brandon Kavanna, Robert Taptoona-Haynes et Daryl Taptoona-Haynes. PHOTO : RADIO-CANADA / MATISSE HARVEY

Lorsqu’il a débuté, en 2017, le programme consistait à réutiliser de vieux matériaux de métal, comme d’anciens barils de pétrole, pour en faire des œuvres d’art. Bien que la dimension artistique soit encore bien présente, la vocation a évolué depuis. Quand je m’y suis joint […] nous l’avons converti en programme axé sur les métiers et sur le mentorat, poursuit Mark Slatter.

Au-delà de l’occasion de formation, ce dernier croit que l’atelier offre un espace positif et motivant à des jeunes dont plusieurs ont eu des démêlés avec la justice dans le passé. Ultimement, nous voulons qu’ils apprennent à prendre soin d’eux, de leur famille, de leurs amis [et] qu’ils se sentent bien avec eux-mêmes, soutient-il.

Ce programme est maintenant offert sous la forme d’une formation à l’issue de laquelle les participants obtiennent une certification reconnue par le Bureau canadien de soudage, qui œuvre dans la certification et l’enregistrement des entreprises et des organismes impliqués dans la soudure.

Mark Slatter croit que le programme aurait intérêt à être offert à plus grande échelle, dans d’autres communautés du Nunavut.

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Matisse Harvey, Radio-Canada

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