Les sculptures hybrides, acte de résistance du vétéran inuk David Ruben Piqtoukun

La sculpture de David Ruben Piqtoukun intitulée « Thar She Blows ». (Ismaël Houdassine/Regard sur l’Arctique)
TORONTO – L’exposition solo consacrée au travail de David Ruben Piqtoukun met en lumière la fragilité matérielle et la vision narrative du sculpteur inuk. La présentation de 60 œuvres de l’artiste rappelle également l’incroyable inventivité d’un homme marqué par le système des pensionnats.

David Ruben Piqtoukun est un artiste inuk canadien né en 1950 à Paulatuk, dans les Territoires du Nord-Ouest, une communauté inuvialuit de l’Arctique de l’Ouest, où sa famille menait un mode de vie traditionnel. À 5 ans, il a été envoyé contre son gré dans un pensionnat pour Autochtones, dont il en gardera de forts traumatismes et une immense force de résilience.

Depuis, il a développé son propre style, qui combine des techniques traditionnelles avec des matériaux modernes comme le marbre et l’albâtre. La première chose qui frappe dans l’exposition, présentée au Musée des beaux-arts de l’Ontario (AGO) jusqu’au 25 juin et baptisée en anglais « Radical Remembrance », est la beauté des sculptures de Piqtoukun.

Les pièces exposées impressionnent par leur finesse, avec des détails incroyables qui témoignent de la patience et du talent de l’artiste. Les formes épurées et les lignes fluides donnent à chaque sculpture une élégance intemporelle.

En se promenant dans la galerie, on peut également découvrir plusieurs œuvres d’exception d’une belle simplicité, mais d’une immense puissance évocatrice comme Thar She Blows ou People of the Midnight Sun, toutes deux bien visibles à l’AGO. Les couleurs vives et les motifs complexes racontent des histoires inuit, comme celle de l’esprit du loup ou de la danse du caribou.

L’exposition est présentée à Toronto au Musée des beaux-arts de l’Ontario jusqu’au 25 juin 2023. (Ismaël Houdassine/Regard sur l’Arctique)
Chamane et ordinateur

L’exposition de David Ruben Piqtoukun est une occasion unique de découvrir l’art inuit contemporain. Les œuvres exposées sont à la fois une célébration de la culture et des traditions inuit et d’une grande beauté universelle.

À ce titre, l’expo ne vient pas seulement célébrer un demi-siècle de carrière, mais elle représente un véritable acte de résistance culturelle oscillant constamment entre modernité et traditions ancestrales.

Le sculpteur de 72 ans a commencé à apprendre les histoires inuit en 1975, et sa grande richesse de connaissances et d’histoire orale constitue la base de son style distinctif. Les masques chamaniques, les voyages et les transformations, ainsi que les scènes de vie et d’animaux de l’Arctique, sont autant de thèmes communs à son œuvre, qui intègre également des éléments contemporains tels que les avions et les ordinateurs.

Une sculpture de David Ruben Piqtoukun. (Ismaël Houdassine/Regard sur l’Arctique)

L’artiste a commencé à sculpter à l’âge de 15 ans, sous l’influence de son père qui était aussi sculpteur. Il a étudié à l’École des beaux-arts de l’Ontario et a travaillé comme enseignant avant de se consacrer entièrement à l’art.

Son travail est d’ailleurs souvent inspiré par les traditions, les chansons et les mythes inuit, ainsi que par sa propre expérience de vie dans le Grand Nord. Il est connu pour son utilisation de matériaux non traditionnels qui lui permettent de créer des œuvres avec une grande précision et de nombreux détails.

Les œuvres de Piqtoukun ont été exposées dans de nombreuses galeries et musées au Canada et à l’étranger, et il a reçu de nombreux prix et distinctions pour son travail, notamment le Prix du Gouverneur général en arts visuels et médiatiques en 2022. Il est considéré comme l’un des artistes inuit les plus importants de sa génération.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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