Le rapporteur de l’ONU sur les droits des peuples autochtones en visite au Canada

La visite du rapporteur spécial José Francisco Cali Tzay visera entre autres à constater l’avancement de la mise en œuvre de la DNUDPA. (ONU)

Le rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones de l’ONU, José Francisco Calí Tzay, entame mercredi une visite officielle au Canada où il se penchera sur de possibles violations des droits de la personne à l’endroit de certaines communautés autochtones, ainsi que sur la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) au pays. Cette visite s’étendra jusqu’au 10 mars.

Cinq communautés autochtones se sont associées à l’organisation Amnistie internationale (AI) pour effectuer conjointement une déclaration mettant en doute l’engagement du gouvernement du Canada quant au respect des droits des nations autochtones.

Des chefs de communautés atikamekw, innues, odjibwées, wet’suwet’en et tsleil-Waututh ont déclaré par voie de communiqué, conjointement avec AI, que « la visite du rapporteur spécial des Nations unies doit servir à renverser la « lenteur exaspérante » du Canada en matière de droits autochtones ».

Une tournée pancanadienne

Au cours des 10 prochains jours, le rapporteur spécial José Francisco Calí Tzay, un membre de la nation maya Kaqchikel du Guatemala, et sa délégation onusienne visiteront les villes d’Ottawa, Montréal, Winnipeg, Edmonton et Vancouver. Ils clôtureront leur tournée par une conférence de presse à Ottawa où ils livreront un premier rapport de leurs observations le 10 mars.

Les protestations des Wet’suwet’en contre le projet Coastal GasLink avaient entraîné des manifestations et des blocages de trains un peu partout au pays.
(Lillian Granley)

La délégation onusienne rencontrera plusieurs leaders autochtones du Canada, parmi lesquels on compte des représentants de l’Assemblée des Premières Nations (APN), de l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), ainsi que du Ralliement national des Métis. Des réunions avec le ministre des Relations Couronne-Autochtones Marc Miller et d’autres représentants du gouvernement canadien sont également prévues.

Au terme de la dernière visite d’un rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones, en 2013, James Ayana, qui était en poste à l’époque, avait conclu que « les peuples autochtones du Canada vivaient dans des conditions semblables à celles de pays bien plus pauvres […], que le Canada vivait une crise en ce qui concerne les questions autochtones […] et que les mesures implantées par le gouvernement étaient insuffisantes ».

Encore du chemin à parcourir

Dix ans plus tard, les choses sont loin d’être réglées, selon plusieurs représentants des milieux autochtones.

À partir de l’ouest du pays, le chef héréditaire Wet’suwet’en Na’moks explique que pendant les manifestations qui s’opposaient à la construction du pipeline Coastal GasLink sur son territoire, les membres de sa nation ont été criminalisés et leurs droits de manifestation ont été bafoués.

Pourtant, à partir du début des manifestations en 2019, le Canada avait été contacté trois fois par les Nations unies relativement aux violations des droits de la Nation Wet’suwet’en et de ses membres, ajoute-t-il.

« Aujourd’hui, le monde doit entendre de la bouche même des peuples autochtones les violations des droits de la personne qui ont cours dans ce qu’on appelle le Canada. Nous rencontrons le rapporteur spécial pour dire la vérité et non pour répéter la version biaisée qu’on entend habituellement sur ce qui se passe au Canada » , dit Na’moks, un des chefs héréditaires de la Nation Wet’suwet’en.

Par voie de communiqué, le chef de la communauté atikamekw de Manawan, Sipi Flamand, a également commenté que « cette visite fort importante va permettre de remettre les pendules à l’heure sur les questions et les enjeux des peuples autochtones au Canada, notamment le racisme systémique et l’adoption du Principe de Joyce ».

Il ajoute que « Manawan fait face à une crise humanitaire en matière de logement dans les communautés autochtones et il faut absolument remettre en question les politiques du gouvernement en matière de réconciliation ».

En décembre, Amnistie internationale était venue rencontrer les Atikamekw de Manawan. De gauche à droite, nous voyons le chef de Manawan Sipi Flamand, la directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone France-Isabelle Langlois et la secrétaire générale d’Amnistie internationale Agnès Callamard. (Radio-Canada / Jérome Gill-Couture)

Pour Amnistie internationale, « cette visite [du rapporteur de l’ONU] arrive à un moment où les relations entre le Canada et les peuples autochtones sont critiques ».

En 2021, lors de l’adoption de la loi C-15 sur la mise en œuvre de la DNUDPA, le gouvernement fédéral s’était engagé à déposer un plan d’action pour harmoniser les lois canadiennes à la DNUDPA dans un délai de trois ans. Or, « à quelques mois de la date butoir, de graves violations des droits des peuples et communautés autochtones se poursuivent », déclare l’organisation.

Jérôme Gill-Couture

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