Des chercheurs établissent un lien entre la variabilité du climat et les niveaux de mercure dans l’Arctique

Une large crevasse dans le glacier Helheim au Groenland. (Lucas Jaskson/Reuters)
Des scientifiques de l’Université Ca’ Foscari de Venise, en Italie, ont montré que les niveaux de mercure dans l’Arctique sont fortement influencés par les changements climatiques.

Selon le document scientifique publiée dans la revue Nature Geoscience, la fonte de la banquise consécutive à l’augmentation de la température lors de la dernière transition dite « glaciaire-interglaciaire » a entraîné une libération plus importante de mercure dans l’atmosphère.

En outre, le remplacement la banquise par de la glace saisonnière, plus salée, favorise des réactions chimiques complexes qui encourage, d’après les experts, le dépôt de cet élément dans les régions polaires

Le mercure, un polluant global particulièrement toxique pour la santé et l’environnement, est d’ailleurs au cœur de l’étude. À ce titre, les scientifiques ont examiné la relation entre les variations climatiques passées et les niveaux de mercure dans l’Arctique afin de comprendre quels facteurs naturels influent sur le cycle biogéochimique de cet élément.

L’équipe de recherche a également procédé à l’analyse d’une carotte de glace extraite de la calotte glaciaire du Groenland. Elle a observé la dynamique du mercure entre 9000 et 16 000 ans, lors de la transition entre la dernière période glaciaire et l’étape climatique actuelle baptisée l’holocène.

Principale cause : la fonte de la banquise

Les résultats indiquent que les niveaux de mercure pendant cette transition ont été fortement influencés par la réduction de la couverture de glace de mer. « Notre étude souligne que les dépôts de mercure dans l’Arctique ont triplé au début de l’holocène par rapport à la dernière période glaciaire », explique Delia Segato, auteure principale et experte des changements climatiques à l’Université Ca’ Foscari.

L’étude explique que la perte de glace de mer, en particulier la glace pérenne, dans l’océan Atlantique subpolaire, due au réchauffement climatique il y a 11 700 ans, était la principale cause de l’augmentation des dépôts de mercure dans l’Arctique.

Les émissions de mercure, soigneusement surveillées au niveau international, ne sont pas seulement d’origine anthropique, précise Mme Segato. « Le cycle biogéochimique du mercure est également contrôlé par plusieurs sources naturelles, telles que les activités volcaniques, ainsi que par une multitude de processus physiques, chimiques et biologiques qui se produisent dans le sol, l’océan et l’atmosphère. »

Elle ajoute que dans les régions polaires, la glace de mer joue un rôle fondamental dans le contrôle de ces processus. Il a été démontré que la glace de mer pérenne, souvent d’une épaisseur de plusieurs mètres, empêche le transfert du mercure de l’océan vers l’atmosphère, qui se produirait autrement en raison de la volatilité de ce métal.

« Au contraire, la glace de mer saisonnière, plus fine, plus perméable et plus salée, permet le transfert du mercure et favorise des réactions atmosphériques complexes impliquant le brome et augmente la fréquence du mercure atmosphérique », note-t-elle.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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