Les cas de tuberculose explosent au Nunavik

Cinq communautés du Nunavik sont touchées par de nouvelles éclosions de tuberculose. La région connaît une recrudescence « exceptionnelle » des cas de cette maladie infectieuse, malgré les efforts de la santé publique régionale pour l’endiguer.
Depuis le début de l’année, 52 nouveaux cas actifs de tuberculose ont été recensés dans la région, soit plus que pour toute l’année dernière.
Ces cas représentent seulement les personnes atteintes d’une forme active de la maladie, et non de la forme en dormance de la tuberculose, qui peut atteindre l’organisme sans que la personne le sache.

Un dépistage et un traitement préventif peuvent ensuite aider à freiner l’apparition d’une forme active de la tuberculose.
Ces efforts de dépistage ont toutefois été mis en veilleuse durant la pandémie de COVID-19, ce qui pourrait expliquer cette recrudescence à retardement des cas de tuberculose active, selon la santé publique.
« La stratégie est vraiment de réussir à devancer ces éclosions-là par un dépistage qui se fait en continu dans certaines communautés affectées. Ça n’a pas été possible de mettre ça en place comme souhaité, malheureusement, en raison de la pandémie », explique la Dre Marie Rochette, directrice de la santé publique du Nunavik.

Avec cette tendance à la hausse, l’objectif de la santé publique de limiter à un cas de tuberculose recensé tous les cinq à sept ans d’ici 2030, à l’échelle de la région, devient de moins en moins réaliste.
« C’est vraiment une maladie au long cours. La période d’incubation dure pratiquement toute une vie […] Ça vous donne une idée de la complexité de la lutte contre cette maladie-là », ajoute la Dre Rochette.
Selon cette dernière, la capacité de prévenir les cas de tuberculose serait aussi limitée par le manque de personnel infirmier dans la région.
Les dispensaires des villages du côté de la baie d’Hudson sont plus particulièrement touchés par des problèmes de rétention et d’attraction du personnel.
Améliorer la qualité de vie
Bien que les autorités sanitaires du Nunavik aient confiance dans leur stratégie de dépistage préventif, leurs efforts seraient minés par les conditions de vie plus difficiles des résidents.
Le surpeuplement des logements, qui touche 47 % des foyers de la région, est un des facteurs principaux de la transmission de la maladie, puisqu’elle se contracte par une exposition prolongée dans l’air.

« Même si nous mettons en place des dépistages de façon proactive, il n’en demeure pas moins que, si les conditions de vie ne s’améliorent pas, si les gens restent dans des logements surpeuplés, avec des faibles revenus et de l’insécurité alimentaire, malheureusement, c’est une maladie qui va rester », ajoute la Dre Rochette.
Démystifier la maladie
En octobre dernier, la Régie régionale de santé et de services sociaux du Nunavik (RRSSSN) a mis sur pied un premier centre consacré à la sensibilisation et au dépistage des maladies infectieuses dans la région.
Le centre Sailivik, de la communauté de Kangiqsualujjuaq, est ouvert au public et étend progressivement son offre de services.

Par cette initiative, la santé publique espère « sortir le dépistage des CLSC » et inclure davantage les communautés dans le traitement de la tuberculose.
La RRSSSN souhaiterait éventuellement bâtir d’autres centres du genre dans la région et y inclure le traitement d’autres maladies infectieuses, comme les infections transmissibles sexuellement.
Toutefois, pour résoudre efficacement le problème de la tuberculose, il faudra prendre des mesures supplémentaires en matière de construction de logements pour améliorer la lutte contre la tuberculose dans la région.