Les Autochtones ont un rôle dans la sécurité de l’Arctique, dit un comité sénatorial
Le Comité sénatorial permanent de la Sécurité nationale, de la Défense et des Anciens Combattants a déposé un rapport, mercredi, dans lequel il demande une plus grande participation des communautés autochtones dans l’élaboration des stratégies de défense et de sécurité dans l’Arctique.
Selon les membres du comité, l’interprétation du concept de sécurité dans l’Arctique devrait aller au-delà de la sphère militaire et englober les questions sociale, économique et environnementale.
« Par le passé, certaines mesures prises par le gouvernement canadien destinées à renforcer la sécurité militaire dans l’Arctique, comme la réinstallation forcée des Inuit afin de défendre la souveraineté du Canada dans l’Arctique pendant la guerre froide, avaient causé du tort aux collectivités autochtones de la région », peut-on lire dans le rapport.
Les décisions relatives à la sécurité et à la défense dans l’Arctique doivent être prises avec la participation pleine et entière des gouvernements locaux et autochtones, poursuit le document.
Depuis l’annonce en février 2022 d’un investissement de près de 40 milliards sur six ans pour moderniser les équipements du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), certains ministres fédéraux, dont la ministre de la Défense Anita Anand, ont mentionné l’importance d’inclure les communautés autochtones dans le développement de politiques sur la sécurité.
Le président du comité, Tony Dean, de l’Ontario, et la sénatrice inuvialuk Margaret Dawn Anderson, représentante des Territoires du Nord-Ouest, ont dit que les communautés et les entrepreneurs sont informés des plans relatifs à la sécurité et à la défense, sans jamais être vraiment consultés.
« Il y a de l’engagement, c’est structuré. Mais ce que l’on a entendu, c’est qu’il faut en faire davantage, y aller plus en profondeur et en temps réel », a déclaré le sénateur Dean en conférence de presse.
Le gouvernement américain met de la pression sur le Canada pour qu’il modernise rapidement le NORAD, notamment avec l’amélioration des pistes d’atterrissage du Nord et la construction de sites de radar transhorizon.
« Je pense qu’il y a un peu de consultation », dit Margaret Dawn Anderson, ajoutant que les discussions n’ont pas été « aussi complètes et significatives que les peuples autochtones l’auraient souhaité ».
Le Comité recommande au gouvernement canadien d’utiliser des mécanismes déjà existants ou d’en instaurer de nouveaux pour travailler en partenariat avec les communautés autochtones.
Infrastructures inadéquates
Dans leur rapport, les membres ont aussi noté que des infrastructures vieillissantes et des technologies dépassées « compromettent la protection de la souveraineté du Canada et la défense de l’Amérique du Nord contre de nouvelles menaces telles que les missiles de croisière de longue portée et les missiles hypersoniques ».
Le réseau de satellites du Nord canadien en est d’ailleurs un exemple, car il pourrait devenir obsolète d’ici 2026, sans remplacement prévu avant au moins 2032.
Les sénateurs ont aussi noté que l’invasion russe de l’Ukraine a d’importantes conséquences sur la sécurité et la défense de l’Arctique, puisque la Russie pourrait être amenée à moderniser ses bases militaires dans la région.
Défense antimissile
Le rapport a formulé plusieurs recommandations au gouvernement fédéral pour orienter sa prochaine politique de défense. Le Comité suggère, entre autres, de reconsidérer l’interdiction du Canada de prendre part au programme américain de défense antimissile balistique, une position que les sénateurs avaient d’ailleurs déjà exprimée dans leur dernier rapport sur l’Arctique, rendu public en 2019.
Il exhorte aussi le Canada à se joindre au partenariat de sécurité entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni, baptisée AUKUS, dans la région indo-pacifique. L’alliance permet notamment à ses membres d’échanger des renseignements sensibles et de se prémunir de moyens technologiques avancés.
Tony Dean croit que le Canada aurait beaucoup à gagner à se joindre à l’entente, notamment en matière d’intelligence artificielle.
Avec les informations de Murray Brewster