Un sénateur du Nunavut appelle le Canada à assurer sa souveraineté sur le Passage du Nord-Ouest

Le sénateur Dennis Glen Patterson espère que la situation en Ukraine agira comme un « réveil » pour le gouvernement fédéral. (Master Sailor Dan Bard/Les Forces armées canadiennes)
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a secoué les relations internationales. Afin d’assurer la sécurité de son territoire, le Canada doit prendre la « pleine souveraineté » sur le Passage du Nord-Ouest, clame Dennis Glen Patterson, sénateur du Nunavut.

Le sénateur conservateur a partagé son point de vue sur les répercussions en Arctique de la crise en Ukraine lors de la conférence Arctic360 qui s’est déroulée jeudi dernier à Toronto. « Trop souvent, les gouvernements canadiens ont négligé le Grand Nord », a-t-il déploré. « Les événements en Europe vont probablement changer le regard que porte le pays sur sa partie la plus septentrionale située près de la Russie. »

M. Glen Patterson espère que la situation en Ukraine agira comme un « réveil » pour le gouvernement fédéral. « Les Russes investissent l’Arctique comme jamais et le Canada doit maintenant se tenir debout », a-t-il lancé. « Nous devons prendre au sérieux notre souveraineté sur le Passage du Nord-Ouest en le contrôlant. »

Depuis un certain nombre d’années, la souveraineté sur les eaux du passage du Nord-Ouest est contestée. Bien que le gouvernement canadien estime ce passage comme faisant partie des eaux intérieures, plusieurs pays comme les États-Unis le considèrent plutôt comme un détroit international.

Mais la guerre en Ukraine vient changer la donne, estime le sénateur. « Si le passage du Nord-Ouest est ouvert à tout le monde, cela veut dire que son espace aérien l’est aussi », a-t-il clamé. « Une telle situation pourrait remettre en cause la sécurité de l’Amérique du Nord. »

En tant que pays souverain, le Canada doit dès aujourd’hui consacrer toute son attention sur le Grand Nord.Dennis Glen Patterson, sénateur du Nunavut

Rappelons qu’en réaction à l’invasion de l’Ukraine, les sept pays nordiques (États-Unis, Canada, Norvège, Suède, Finlande, Danemark et Islande) se sont retirés la semaine dernière du Conseil de l’Arctique le temps d’une « pause ». Ironie du sort, l’organisme international qui est formé des huit nations entourant le pôle Nord est présidé par la Russie pour les deux prochaines années.

L’invasion de l’Ukraine est une terrible nouvelle pour la coopération entre les nations de l’Arctique, a dit M. Glen Patterson. « Il faut savoir que, depuis la fin de la guerre froide, l’Arctique se veut une région de paix mettant de côté les prétentions militaires pour se consacrer à la collaboration et à la recherche scientifique. »

La relation de confiance entre la Russie et les autres États membres a volé en éclats, a déclaré le sénateur. « Je crains malheureusement que cela ne soit pas facile de recoller les morceaux. » Il rappelle que l’isolement d’un aussi gros pays sur les questions arctiques aura des conséquences énormes sur des sujets cruciaux comme l’environnement ou le respect des frontières.

Le Conseil de l'Arctique en bref :

Le Conseil de l’Arctique a été créé à Ottawa en 1996 par la Déclaration d’Ottawa

Le Conseil vise à promouvoir le développement durable, à faire avancer la recherche scientifique, à protéger l’environnement arctique et à assurer le développement économique, social et culturel des communautés, y compris les nations autochtones.

La conférence Arctic360 donne chaque année l’occasion d’entamer des discussions entre les gouvernements, les organisations autochtones et le secteur privé sur le développement dans l’Arctique. Avec pour thème principal « Là où l’investissement dans l’infrastructure rencontre la diplomatie », le rendez-vous a réuni les ambassadeurs des pays nordiques ainsi que des hauts responsables canadiens, groenlandais et américains.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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