Grand Nord canadien : des chercheurs étudieront le méthane du Nunavut pour comprendre la vie sur Mars

L’astrobiologiste Haley Sapers, professeure auxiliaire à l’Université York à l’École d’ingénierie Lassonde, dirige l’équipe de la Station de recherche arctique McGill sur l’île Axel Heiberg. (Haley Sapers)
Une équipe de chercheurs s’est rendue sur une île éloignée de l’Arctique dans l’espoir de mieux comprendre la possibilité de vie sur Mars.

L’astrobiologiste Haley Sapers, professeure auxiliaire à l’Université York à l’École d’ingénierie Lassonde, dirige l’équipe de la Station de recherche arctique McGill sur l’île Axel Heiberg. L’île inhabitée se trouve dans la région de Qikiqtaaluk, au Nunavut, et présente des conditions similaires à celles de la planète rouge.

Sous le soleil de minuit 24 heures sur 24, les chercheurs ont l’intention d’étudier les sources froides très salées qui libèrent du méthane sur Gypsum Hill, à environ 45 minutes de marche de la station de recherche. Ils vont également prendre des mesures de méthane dans l’atmosphère et effectuer une simulation de la mission Mars Rover.

« Le méthane est un gaz atmosphérique très important sur Terre, car il contribue de manière significative au réchauffement climatique », explique Haley Sapers, chercheuse invitée au California Institute of Technology. « C’est aussi un gaz très intéressant sur Mars, et nous ne comprenons pas exactement d’où il vient ni où il disparaît. »

Selon la spécialiste, sur Terre, la plupart du méthane est biogénique, ce qui signifie qu’il est produit par des organismes vivants. Le gaz peut également être produit par des processus géologiques.

Sa présence sur Mars pourrait être la preuve d’une vie passée ou présente, ou indiquer des zones de la planète qui pourraient être habitées à l’avenir.

Les scientifiques ont détecté pour la première fois des traces de méthane dans l’atmosphère de Mars en 2003, ce qui, depuis, les laisse perplexes.

Haley Sapers indique qu’un instrument du rover Mars Curiosity doit prélever des échantillons de l’atmosphère martienne pendant plusieurs heures pour enrichir le méthane jusqu’à ce qu’il puisse être analysé. Elle précise qu’il n’y a pas beaucoup de mesures de méthane à la surface de Mars.

« Nous avons besoin d’un nouveau type d’instrument qui ne nécessite pas autant de ressources et qui peut prendre des mesures très rapides et très sensibles du méthane », précise-t-elle.

Sur l’île Axel Heiberg, l’équipe de recherche veut tester un nouvel instrument élaboré avec ABB, une entreprise de technologie et d’ingénierie du Québec, qui vise justement à faire cela.

Elle envisage également d’effectuer un échantillonnage détaillé des microorganismes qui ont déjà été détectés par des scientifiques de l’Université McGill dans les sédiments des sources froides hypersalines de l’île. Elle dit que les membres de l’équipe veulent déterminer si ces microorganismes oxydent le méthane, comme ceux qu’elle a étudiés dans les suintements de méthane des océans profonds.

« Une meilleure compréhension de ces microorganismes dans l’Arctique pourrait nous aider à comprendre le potentiel des microorganismes à empêcher la libération de quantités importantes de méthane dans le sous-sol de l’Arctique », dit-elle.

Ce serait vraiment important, surtout dans le contexte des changements climatiques et du réchauffement climatique.Haley Sapers, astrobiologiste

La chercheuse ajoute que l’île déserte polaire est l’endroit idéal pour faire cette recherche, car c’est le seul endroit sur la Terre où des sources froides hypersalines qui ont des suintements de méthane sont situées dans le pergélisol. Cela correspond à des conditions souterraines similaires à celles de Mars.

Elle précise que la planète et l’île ont également des conditions froides et sèches, et un terrain polygonal, soit un type de sol à motifs qui se forme dans les régions de pergélisol sur la Terre par gel et dégel.

« C’est merveilleux d’être ici. C’est un endroit très enthousiasmant pour faire de la recherche », conclut-elle.

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