La Garde côtière canadienne prend ses distances de la Russie
La Garde côtière canadienne suspend sa participation au Forum des gardes côtières de l’Arctique, où elle collaborait notamment avec la Russie et six autres pays nordiques.
Il aura fallu plus de deux semaines d’invasion russe en Ukraine pour que l’organisation prenne une décision sur son implication au sein du forum de coopération, auquel participent également les gardes côtières du Danemark, de la Suède, de l’Islande, de la Finlande, de la Norvège, des États-Unis et de la Russie.
« Compte tenu de l’invasion non provoquée de l’Ukraine par la Russie, la Garde côtière canadienne suspend sa participation au Forum des gardes côtières de l’Arctique », a confirmé une porte-parole dans un courriel transmis à Radio-Canada. La décision finale a été prise vendredi.
Malgré son retrait, la Garde côtière canadienne veut maintenir sa collaboration avec les six autres États arctiques à l’avenir, a-t-on ajouté.
« Des discussions sont en cours avec des États partageant les mêmes idées, pour voir comment cette collaboration peut se poursuivre », explique-t-on. « Nous sommes toujours convaincus qu’une collaboration constructive […] sur les questions de recherche et de sauvetage maritimes et d’intervention environnementale dans l’Arctique est d’une grande utilité. »
Le Forum des gardes côtières de l’Arctique est une organisation indépendante visant à favoriser une activité maritime sûre et respectueuse de l’environnement dans l’Arctique.
Diplomatie à l’arrêt
Cette annonce survient dans la foulée de la suspension des activités du Conseil de l’Arctique, une semaine plus tôt, et dont les États membres sont les mêmes que le Forum des gardes côtières. Les deux organisations travaillent d’ailleurs étroitement depuis la création du Forum, en 2015.
À l’instar du Conseil de l’Arctique, la présidence tournante du Forum était assurée par les Russes jusqu’en 2023. Des représentants des différentes gardes côtières s’étaient d’ailleurs réunis en Russie en octobre dernier.
Le Forum et le Conseil étant maintenant à l’arrêt, ce sont deux des principaux forums d’échanges diplomatiques dans l’Arctique qui sont aujourd’hui suspendus.
Avant l’invasion de la Russie en Ukraine, « une exception » arctique avait permis une bonne entente dans les régions circumpolaires, menant à la Déclaration de Reykjavik en 2021. Les pays membres y soulignaient 25 années de collaboration soutenue dans l’Arctique.
Recherche et sauvetage
Comme au Conseil de l’Arctique, où il n’est pas question de souveraineté ni de défense, les objectifs du Forum des gardes côtières sont davantage tournés vers la coopération. On y échange notamment sur les activités de recherche et sauvetage, de défense de l’environnement et de développement durable.
L’une des cibles est aussi « de construire une image opérationnelle commune pour assurer des protocoles appropriés pour la coordination des interventions d’urgence et une navigation sûre ». L’idée est d’assurer une bonne coordination et que chaque garde côtière connaisse bien son rôle en cas d’intervention conjointe dans les eaux arctiques.
La culture des gardes côtières diffère selon les États. La Garde côtière canadienne est de nature civile, alors que la Garde côtière russe, par exemple, est de culture militaire et relève du Service fédéral de sécurité (FSB).
Pour parfaire cette collaboration, le Forum tient des exercices pratiques en mer, soit le Arctic Guardian. Le dernier a eu lieu l’an dernier en Islande. La simulation portait sur une collision entre deux navires, dont un pétrolier.
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