L’organisation des Inuit au Canada et la GRC s’entendent pour améliorer leurs relations

La GRC fournit des services de police dans une grande partie des communautés du Nord. (Matisse Harvey/Radio-Canada)
L’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) et la Gendarmerie royale du Canada mettent de l’avant un plan de travail commun pour améliorer les relations entre les communautés inuit et la GRC. Les grandes lignes en ont été dévoilées la semaine dernière.

L’ITK, avec à sa tête Natan Obed, est un organisme qui représente les quelque 65 000 Inuit vivant au pays.

« Le plan est le point de départ d’une démarche de collaboration entre la GRC et les Inuit à l’échelle nationale pour combler les lacunes et cerner les priorités en matière de services de police, avec l’objectif de favoriser la transparence et la confiance », peut-on lire dans le communiqué commun diffusé jeudi.

La démarche vise à mettre en application des recommandations issues du Plan d’action national inuit sur la disparition et les assassinats de femmes et de filles inuit et de personnes 2SLGBTQQIA+, lui-même inspiré du rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

Le plan de travail vise notamment à donner aux agents une formation culturelle obligatoire pour ceux qui travaillent dans l’Inuit Nunangat, formé de la région désignée des Inuvialuit (Territoires du Nord-Ouest), du Nunavut, du Nunavik (Nord du Québec) et du Nunatsiavut (Terre-Neuve-et-Labrador).

On vise aussi une hausse de la représentation inuit à la GRC et un accès amélioré aux personnes parlant inuktitut.

L’échange d’informations sur les suicides et les tentatives de suicide doit aussi être mis sur pied. 

Finalement, la GRC travaillera avec l’ITK en ce qui concerne la contribution à la stratégie fédérale sur la justice autochtone dirigée par Justice Canada.

Nouvelle entente

Le président de l’ITK, Natan Obed, estime que cette entente apporte l’espoir d’une nouvelle relation.

« Les Inuit ont longtemps subi de la discrimination, de la négligence et de la violence dans le système de justice pénale. Les interactions de nos communautés avec la police ont été tendues. Avec ce nouveau plan de travail, nous espérons bâtir de nouvelles relations fondées sur le respect et la confiance mutuelle », ajoute-t-on dans le communiqué.

Natan Obed, président de l’organisation Inuit Tapiriit Kanatami, qui représente 65 000 personnes. (Sean Kilpatrick/La Presse canadienne)

La GRC y voit aussi un nouveau chapitre qui s’ouvre dans sa relation avec les Inuit.

« La confiance mutuelle, le respect et l’empathie sont essentiels pour que la police et les communautés inuit bâtissent des relations saines. La GRC s’engage à travailler avec l’ITK pour mettre en œuvre ce plan de travail afin de réparer, de rebâtir et d’améliorer nos relations avec les communautés de l’Inuit Nunangat », affirme la commissaire de la GRC, Brenda Lucki.

Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a aussi salué ce plan de travail sur Twitter, soulignant que le nouveau partenariat « fera progresser les approches dirigées par les Inuit, rétablira la confiance et améliorera les services de police pour les communautés de l’Inuit Nunangat ».

Un lien de confiance à rebâtir

Le lien de confiance entre les Inuit et la GRC a été mis à rude épreuve au fil des années. D’ailleurs, les représentants des Inuit et des Premières Nations exhortent depuis un certain temps Ottawa à mener un examen indépendant, et civil, des pratiques de la GRC.

À l’été 2020, une vidéo sur les médias sociaux montrant un agent de la GRC à Kinngait, au Nunavut, en train d’utiliser la porte de sa camionnette pour renverser un homme en état d’ébriété a fait beaucoup réagir.

Aussi en 2020, la Commission des services juridiques du Nunavut estimait que les Inuit du Nunavut, en particulier les femmes, subissent des abus systémiques de la police, y compris une violence excessive et un racisme persistant.

L’an dernier, la GRC a signé une entente avec l’organisation Pauktuutit Inuit Women of Canada afin d’améliorer la protection des femmes, des enfants et des personnes inuit. La présidente de Pauktuutit, Rebecca Kudloo, insistait pour que les agents de police suivent une formation en matière de sensibilité culturelle et soulignait la nécessité de réduire le temps de réaction pour que des policiers de la GRC soient dépêchés sur les lieux d’un possible drame.

Aussi, l’an dernier, le ministre de la Justice David Lemetti a déposé le projet de loi C-5, qui vise entre autres à contrer le racisme et les inégalités systémiques qui touchent les Autochtones dans le système de justice pénale.

Le gouvernement entendait de ce fait collaborer avec les communautés autochtones du Canada pour élaborer une stratégie de justice applicable aux Autochtones. 

Dans l’annonce concernant sa relation avec les Inuit, la GRC s’engage à consulter régulièrement les leaders inuit pour faire un suivi des progrès du plan de travail. Les deux organisations, GRC et ITK, disent être déterminées à échanger de l’information et à collaborer à la résolution des problèmes. 

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