Fuite au site pétrolier Kearl : le gouvernement canadien envoie de l’eau embouteillée

Le site d’exploitation des sables bitumineux de Kearl, dans le nord de l’Alberta, rejette des eaux contaminées dans l’environnement depuis mai dernier. (Nick Vardy/Première Nation Athabasca Chipewyan)
Le gouvernement fédéral fournira de l’eau potable et du soutien psychologique aux communautés touchées par la fuite de produits chimiques au gisement Kearl de l’Impériale dans le nord-est de l’Alberta.

C’est ce qu’a annoncé la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, lors d’une mise à jour de la situation par le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, lundi.

« Les communautés autochtones sont dévastées par la situation et elles ont peur que l’eau soit contaminée », a affirmé la ministre Hajdu en faisant référence à ses conversations avec les chefs Allen Adam, de la communauté Chipewyan d’Athabasca, et Billy Joe Tuccaro, de la communauté crie de Mikisew.

Plus de 5,3 millions de litres d’eau polluée d’un bassin de rétention d’un projet minier appartenant à la pétrolière Impériale se sont déversés en amont de plusieurs cours d’eau, dont la rivière Athabasca. Le rejet toxique représente deux fois la superficie de la ville de Vancouver.

Le 15 mars, le chef Billy Joe Tuccaro avait déclaré dans un communiqué que sa communauté « n’utiliserait plus l’eau de la rivière Athabasca ni ne mangerait le poisson » jusqu’à ce qu’elle obtienne une preuve que l’eau est sécuritaire et qu’elle ne contient aucun résidu chimique.

L’objectif de mon ministère est de répondre aux besoins des communautés de façon efficace. Je garde tous les reçus.Patty Hajdu, ministre des Services aux Autochtone

En conférence de presse lundi, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a réaffirmé que les tests effectués jusqu’ici par l’Impériale, par le Régulateur de l’énergie de l’Alberta (AER) et par le ministère de l’Environnement de la province ont déterminé que « l’eau est sécuritaire et potable » et qu’« elle respecte les standards canadiens pour la qualité de l’eau potable ».

« Il y a tellement de désinformation que ça crée un certain niveau d’anxiété », estime Danielle Smith.

« Je remarque [que les communautés] recevront aussi un soutien en santé mentale. C’est exactement ce que nous voulions éviter », conclut la première ministre.

Elle ajoute qu’elle a demandé à l’Impériale et aux agents de l’AER de se rendre rapidement sur place pour s’assurer que l’eau est sécuritaire et dit regretter que le ministre Steven Guilbeault ait fait une publication sur Twitter la semaine dernière, « participant à cette atmosphère de désinformation ».

La première ministre a précisé que ce message avait été effacé depuis.

Audiences demandées par un comité parlementaire

Le ministre Guilbeault a annoncé qu’un comité parlementaire souhaitait entendre le Régulateur de l’énergie de l’Alberta (AER) ainsi que la pétrolière Impériale sur les raisons qui ont mené aux délais de neuf mois pour prévenir les agences fédérales et les communautés autochtones environnantes de la fuite.

D’après la ministre albertaine de l’Environnement, Sonya Savage, cette proposition est une distraction d’Ottawa qui aux prises avec des questions sur l’ingérence chinoise dans le système électoral canadien.

« Je ne crois pas que c’est nécessaire, a-t-elle lancé avant d’entrer à l’Assemblée législative albertaine lundi. Nous avons plusieurs niveaux d’interventions en cours, effectuées conjointement par plusieurs agences. C’est une distraction, une façon de changer de cassette. »

Création d’un groupe de travail conjoint

Steven Guilbeault s’est aussi engagé à créer un groupe de travail réunissant les gouvernements fédéral et provincial, ainsi que des représentants autochtones « qui permettront à tous les acteurs d’avoir en un temps rapide une information fiable sur la situation avec l’eau contaminée dans ces lacs artificiels ».

Il espère trouver une solution à long terme pour les bassins de résidus miniers, prétextant que le cadre de surveillance actuel « est défaillant ».

« La participation des communautés autochtones devra être plus importante dans nos futures interventions, estime le ministre de l’Environnement. L’idée que l’on peut continuer, comme ça, d’accumuler de l’eau toxique dans ces immenses lacs artificiels n’est pas une solution à long terme. »

La ministre Savage a précisé que la création de ce groupe de travail avec les communautés autochtones est « attendue depuis longtemps » et mijote dans la tête du gouvernement albertain « depuis le début de l’incident à Kearl ».

Le groupe de travail tiendra une première réunion le 23 mars, selon un communiqué d’Ottawa.

La communauté crie Mikisew a envoyé une lettre le week-end dernier demandant au gouvernement fédéral de « faire un certain nombre de gestes », a affirmé le ministre Steven Guilbeault en conférence de presse.

Le gouvernement dit étudier ces demandes.

Il a aussi précisé que des agents d’application de la loi d’Environnement et Changement climatique Canada « surveillent les travaux de nettoyage » et qu’« ils recueillent plus d’informations à l’issue d’inspection ».

Des agents du ministère de l’Environnement albertain se trouvent aussi sur place pour effectuer des tests supplémentaires, confirme Sonya Savage.

Radio-Canada n’avait pas reçu de copie de la lettre avant de publier cet article.

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