Le Groenland appelle à renforcer les liens économiques et politiques avec le Canada

Nuuk est la capitale du territoire autonome du Groenland. (Emil Helms/Ritzau Scanpix/AFP)
Le chef de la représentation du Groenland à Washington, Kenneth Høegh, a plaidé pour un renforcement des liens politiques et économiques avec le Canada lors de sa visite la semaine dernière à Toronto à la conférence Arctic360.

« Le Canada a toujours été un partenaire naturel et stratégique très important pour le Groenland », affirme M. Høegh en entrevue avec Regard sur l’Arctique. « Mais le moment est venu de tourner notre regard vers l’Ouest pour consolider nos relations. »

Le diplomate, né à Narsaq dans le Sud groenlandais d’une mère danoise et d’un père inuit, explique que la récente crise géopolitique pousse les pays nordiques à renforcer les liens avec leurs voisins.

Rappelons que la guerre en Ukraine menée par l’invasion russe s’est exportée jusque dans le Grand Nord avec la paralysie du Conseil de l’Arctique. Les pays occidentaux ont cessé en mars 2022 leur coopération avec Moscou, qui préside pourtant l’organisation internationale.

« Pendant ce temps, nous avons été capables de signer des ententes ou de régler des différends territoriaux dans le respect du droit international. Autant de messages de gouvernance démocratique envoyés à la Russie », souligne M. Høegh.

Kenneth Høegh est le chef de la représentation du Groenland à Washington. (Ismaël Houdassine/Regard sur l’Arctique)

M. Høegh prend en exemple l’accord sur l’île Hans (Tartupaluk en inuktitut) signé par le Danemark et le Canada. En juin 2022, les parties se sont officiellement entendues pour se partager ce petit bout de territoire, situé au large du nord-ouest du Groenland, et créer ainsi la première frontière maritime entre le Canada et l’Europe, la plus grande du monde.

« C’est un moment historique pour l’Arctique. En faisant preuve de patiente et en respectant le droit international, nous sommes parvenus à nous entendre et à créer de vraies frontières entre nos nations », dit le diplomate.

Le Conseil de l’Arctique se veut un forum intergouvernemental de huit États arctiques (Canada, Danemark, États-Unis, Finlande, Islande, Norvège, Suède, Russie) et de six organisations internationales de peuples autochtones à titre de participants permanents. Son rôle est de discuter des questions d’environnement et de développement.

Les drapeaux du Danemark, du Canada et du Groenland sont diffusés sur un écran géant lors d’une cérémonie diplomatique. (Justin Tang/La Presse canadienne)
Libre circulation entre les habitants du Canada et du Groenland?

Le Groenland est un territoire autonome au sein du Royaume du Danemark. Copenhague conserve le contrôle de certains éléments du gouvernement comme les affaires étrangères et la sécurité, mais l’île possède des pouvoirs de gouvernances avancés tels que la signature d’accords économiques et diplomatiques.

À ce titre, le représentant du Groenland souhaiterait que son pays et le Canada s’imbriquent davantage afin de mettre « leurs intérêts en commun ». Il regrette toutefois qu’il n’existe encore aujourd’hui aucune liaison aérienne directe entre les deux nations pourtant voisines.

« C’est un peu ridicule, car les voyageurs doivent passer par Reykjavik en Islande ou Copenhague au Danemark et revenir en direction de Nuuk, la capitale groenlandaise. Cela peut s’expliquer par nos communications qui sont traditionnellement dirigées vers l’Europe, mais on travaille aujourd’hui à changer cette situation. »

Le drapeau du Groenland est baptisé «Erfalasorput». (Emil Helms/Ritzau Scanpix/AFP)

Le diplomate compte d’ailleurs sur l’ouverture en 2024 du nouvel aéroport de Nuuk, espérant que les nouvelles installations permettront la hausse du tourisme au pays et du « commerce durable », notamment en provenance du Canada.

« Nous savons que les ressources ne sont pas éternelles et c’est pour cette raison que nous voulons développer l’industrie du tourisme chez nous. »

Le Groenland vise également de nouvelles occasions d’affaires. Les sanctions internationales contre la Russie ont touché environ 15 % des exportations du Groenland. « Nous voulons diversifier notre marché et nos exportations avec des partenaires comme le Canada », indique M. Høegh.

Le commerce entre le Groenland et le Canada est l’une des priorités, souligne-t-il, ajoutant vouloir accroître les investissements dans les secteurs minier, touristique, ou énergétique. « Les exportations de produits de la pêche ont augmenté au Canada, mais nous comptons sur des projets miniers qui sont conformes aux normes environnementales établies par le gouvernement du Groenland. »

Pour le diplomate, des liens économiques renforcés avec le Canada pourraient ouvrir de nouvelles possibilités et entraîner une plus grande croissance économique et sociale dans la région arctique.

« Comme avec les citoyens de l’Union européenne, on pourrait mettre en place la libre circulation des personnes entre les habitants du Nord canadien et du Groenland afin de favoriser les déplacements des travailleurs », conclut-il.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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